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Le journal russe Novaïa Gazeta veut armer ses journalistes après l'attaque sur une animatrice radio

La direction du journal privé russe Novaïa Gazeta a déclaré vouloir armer ses journalistes pour assurer leur sécurité, après l'agression contre une animatrice de la radio Echo de Moscou.

«Je vais armer la rédaction. On ne m’a pas laissé d’autre choix», a affirmé le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov, sur les ondes de la radio Echo de Moscou. Le journal privé russe est réputé pour enquêter sur des thèmes sensibles de la vie politique et sociale russe. «Je vais envoyer certains employés en apprentissage. Nous allons conclure un accord avec le ministère russe de l'Intérieur. Nous allons commander et acheter des armes traumatiques [non létales]», a-t-il dit.

Je suis responsable de ma rédaction. Je vais peut-être regretter ces propos, mais je projette d’armer nos employés. Je n’ai aucun autre moyen

«Je suis responsable de ma rédaction. Je vais peut-être regretter ces propos, mais je projette d’armer nos employés. Je n’ai aucun autre moyen», et le rédacteur en chef de citer à titre d'exemples les meurtres d’Anna Politkovskaïa, de Natalia Estemirova et d'Igor Domnikov, ainsi que les attaques sur Oleg Kachine et Ioulia Latynina, travaillant pour divers médias russes.

Dmitri Mouratov a ensuite estimé que les autorités russes n’étaient pas responsable de ces crimes, mais qu’il relevait de leur responsabilité de mener à bien des enquêtes sur ces dossiers et de trouver les responsable. «Quand des attaques comme ça ne sont pas punies, des gens commencent à avoir un sentiment d’impunité», a-t-il déclaré.

Le 23 octobre, la rédactrice en chef adjointe et animatrice de la radio Echo de Moscou, Tatiana Felguengauer, 32 ans, a été poignardée en pleine rédaction par un homme semble-t-il déséquilibré, qui avait réussi à s’introduire dans les locaux. Le dirigeant de cette radio, Alexeï Venediktov, a dénoncé par la suite un «climat de haine», de nature, selon lui, à favoriser le passage à l'acte contre les journalistes.

La journaliste restait hospitalisée le 26 octobre, sans que son pronostic vital soit engagé. Son agresseur a dévoilé des signes de troubles psychiques lors de son interrogatoire et une expertise psychiatrique a été ordonnée à son sujet.

Pour le Kremlin, chacun a le droit de prendre des mesures de sécurité qu'il estime nécessaires... et légales

«Chacun a le droit de prendre des mesures de sécurité qu'il estime nécessaires à condition qu'elles soient conformes à la législation en vigueur», a souligné lors d'un point de presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, commentant la décision de Dmitri Mouratov.

Les Russes ont le droit d'acheter des armes incapacitantes à condition d'obtenir une autorisation nécessitant des tests médicaux (psychiatriques et toxicologiques) et de suivre des cours pour apprendre à les manier. Le producteur d'armes Kalachnikov a fait savoir le 26 octobre qu'il offrait «une réduction de 10%» aux journalistes qui souhaiteraient acheter des armes incapacitantes. Il s'est dit prêt à conseiller les journalistes «sur les questions d'autodéfense».

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