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Rajoy souhaite la révocation du gouvernement catalan, manifestation à Barcelone

Mariano Rajoy a annoncé le 21 octobre l'activation de l'article 155, afin non de suspendre l'autonomie de la Catalogne, mais de révoquer le gouvernement catalan et convoquer de nouvelles élections parlementaires sous six mois.

Samedi 21 octobre

Des dizaines de milliers d'indépendantistes se rassemblent à Barcelone.

De nouvelles mesures contenues dans le document transmis aux sénateurs espagnols dans le cadre de l'application de l'article 155 ont été rendues publiques. 

Parmi celles-ci se trouvent la mise sous commandement de Madrid de la police catalane (Los Mossos), ainsi que de la télévision publique catalane (TV3) qui s'était fortement engagée en faveur de l'indépendance. 

Le gouvernement central souhaite aussi prendre le contrôle de l'économie régionale, des finances et de la collecte des impôts.

Le chef du gouvernement catalan Carles Puigdemont sera présent à la grande manifestation qui se tiendra à 17h dans le centre de Barcelone. 

Puis, à 21h, le chef de file des séparatistes fera une allocution télévisée au cours de laquelle il répondra à Mariano Rajoy.

L'activation de l'article 155 de la constitution espagnole a été officiellement annoncée par Mariano Rajoy. Parmi les mesures désirées par le Premier ministre : la révocation du gouvernement catalan «qui a fait entrer les institutions dans l'illégalité». 

C'est maintenant au Sénat de se prononcer sur la mise en place de ces mesures. 

Lire ici : Rajoy annonce l'activation de l'article 155 et la révocation du gouvernement de la Catalogne

Le site internet de la cour constitutionnelle espagnole, qui avait notamment qualifié le référendum d'indépendance catalan d'illégal, est actuellement la cible d'attaques informatiques le rendant inaccessible.

L'organisation Anonymous a revendiqué sur Twitter cette opération en soutien aux indépendantistes catalans.

Le gouvernement espagnol se réunit à 10h pour déterminer les contours de la reprise de contrôle de la région autonome de Catalogne qui se dirige vers la sécession.

Ce conseil des ministres extraordinaire est en application d'un article jamais encore utilisé de la Constitution de 1978, l'article 155.

Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy doit ensuite dévoiler à la mi-journée les mesures qu'il a longuement négociées avec le Parti socialiste (PSOE), principale force d'opposition, et ses alliés centristes de Ciudadanos.

Elles seront ensuite soumises à l'approbation du Sénat, attendue pour la fin octobre.

Logiquement, Madrid devrait prendre le contrôle de la police régionale, les Mossos d'Esquadra, dont le chef a été inculpé de sédition pour ne pas avoir empêché un référendum d'autodétermination le 1er octobre.

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La menace d'une déclaration unilatérale d'indépendance

Du côté du chef du gouvernement catalan Carles Puigdemont, celui-ci a menacé de faire proclamer formellement l'indépendance de cette région de 7,5 millions d'habitants si son autonomie était suspendue.

Carles Puigdemont et son cabinet indépendantiste affirment avoir un mandat pour faire sécession, après avoir organisé un référendum d'autodétermination interdit par la justice. 

Mais c'est le Parlement catalan, où il dispose avec ses alliés d'une courte majorité de 72 sièges sur 135, qui devrait formellement proclamer la «République de Catalogne».

Vendredi 20 octobre

Le roi d'Espagne Felipe VI a dénoncé le 20 octobre une «inacceptable tentative de sécession» de la Catalogne, qualifiée de «partie essentielle de l'Espagne du XXIe siècle».

«Nous ne voulons pas renoncer à ce que nous avons construit ensemble», a-t-il dit dans un discours empreint d'émotion selon l'AFP, soulignant les progrès d'une Espagne qui a su surmonter les «erreurs du passé», évoquant de manière voilée l'ère Franco.

Le président du Parlement européen fustige les «égoïsmes nationalistes»

Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a prononcé un sévère réquisitoire le 20 octobre à Oviedo, dans le nord de l'Espagne contre «ceux qui sèment la discorde». 

«Quand certains sèment la discorde, ignorent volontairement les lois, il est nécessaire de rappeler l'importance de l'Etat de droit», a-t-il ainsi déclaré, fustigeant au passage les «égoïsmes nationalistes» et les promesses de «paradis créés en changeant les frontières».  

Mariano Rajoy évoque une «situation limite» en Catalogne

Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a estimé le 20 octobre qu'une «situation limite» avait été atteinte en Catalogne pour justifier les mesures exceptionnelles envisagées par Madrid pour suspendre l'autonomie de cette région.

«Nous avons essayé par tous les moyens de ne pas atteindre une situation difficile, mais vous comprendrez que c'est difficile pour un pays, pour un gouvernement de l'UE [Union européenne], quand on piétine la loi, quand on piétine l'Etat de droit», a ainsi affirmé selon l'AFP Mariano Rajoy, sur le référendum d'indépendance de la Catalogne interdit par la justice espagnole à l'issue d'un sommet de l'UE à Bruxelles.

Le Premier ministre britannique Theresa May a apporté son soutien à Mariano Rajoy lors d'un point presse à Bruxelles, où elle se trouve pour des négociations sur le Brexit. «Les peuples devraient obéir à la loi et à la Constitution espagnole», a-t-elle déclaré, assurant s'être entretenue avec Mariano Rajoy le matin même pour lui témoigner le soutien du Royaume-Uni.

Le Sénat a annoncé qu'il pourrait voter dès la fin de la semaine prochaine pour permettre la suspension de l'autonomie de la Catalogne. 

Jeudi 19 octobre

Le président du Conseil européen Donald Tusk a expliqué qu'il n'y avait «pas de place pour une intervention de l'UE» en Catalogne, rejetant l'idée que le bloc puisse servir de médiateur dans la crise qui oppose Madrid à Barcelone.

«On ne va pas vous cacher que la situation est préoccupante», a déclaré Donald Tusk lors d'un sommet des dirigeants de l'UE. «Mais il n'y a pas de place, pas d'espace pour une médiation, une initiative ou une action internationales», a-t-il insisté, appuyant ainsi fortement la position de Madrid.

Emmanuel Macron, en déplacement à Bruxelles pour le sommet européen des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, déclare que l'Union européenne va envoyer un «message d'unité autour de l'Espagne» en pleine crise catalane.

Citée par l'AFP, la chancelière allemande Angela Merkel espère que des «solutions [puissent] être trouvées sur la base de la Constitution» en Espagne.

D'après La Vanguardia, les deux principaux partis pro-indépendance (Junts pel Sí et le CUP), se réunissent actuellement au parlement catalan afin d'aborder la question de la déclaration d'indépendance. 

Dans sa missive à Mariano Rajoy, Carles Puigdemont avait prévenu que le parlement catalan voterait officiellement l'indépendance si Madrid lançait la procédure de suspension de l'autonomie de la Catalogne.

Le CAC 40 a accusé un net repli à 10h (-0,41%), heure à laquelle Carles Puigdemont a répondu à l'utimatum posé par Mariano Rajoy, avant d'opérer un légère remontée. 

Les yeux des investisseurs sont en effet rivés sur la Catalogne ce matin. 

Par ailleurs, le 19 octobre se tient également un sommet européen à Bruxelles, au cours duquel la Première ministre britannique Theresa May demandera à ses homologues de commencer à réfléchir à la future relation qui liera le Royaume-Uni et l'UE, malgré des progrès jugés insuffisants sur les conditions du divorce.

Après l'annonce du commencement de la procédure de suspension de l'autonomie de la Catalogne, le cours de la monnaie européenne a provoqué une chute sur le marché des devises. 


La valeur de l'euro est ensuite rapidement remontée.

D'après El Pais, le gouvernement espagnol rencontre actuellement des représentants du Parti socialiste espagnol afin de déterminer les secteurs qui seront concernés par la suspension de l'autonomie de la Catalogne. 

La procédure de l'article 155 que s'apprête à enclencher le gouvernement espagnol peut prendre plusieurs semaines, car elle impose de solliciter le Sénat pour un débat et un vote.

Le gouvernement espagnol a confirmé qu'il engagerait, le 21 octobre prochain, la procédure permise par l'article 155 de la Constitution espagnole, qui lui permet de suspendre l'autonomie de la Catalogne. Il affirme vouloir «aller de l'avant».

Madrid pourrait entamer la procédure de suspension de l'autonomie de la Catalogne lors d'un conseil des ministres exceptionnel le 21 octobre, d'après l'agence Reuters. 

Le gouvernement espagnol s'apprête à faire une annonce à 10h30 après avoir reçu la réponse de Carles Puigdemont. Ce dernier n'a pas clairement annoncé si l'indépendance de la Catalogne avait été déclarée ou non, comme le lui demandait Madrid.

Carles Puigdemont a répondu à Mariano Rajoy en réaffirmant sa volonté de dialoguer avec Madrid, tout en assurant que l'indépendance n'a pas encore été déclarée. 

Néanmoins, si Madrid enclenche la procédure de suspension de l'autonomie de la Catalogne, alors la déclaration d'indépendance sera officiellement votée par le parlement de la région. 

«Si le gouvernement persiste dans le refus du dialogue et dans la répression, le parlement catalan pourra, s'il le juge opportun, voter la déclaration formelle d'indépendance qu'il n'a pas voté le 10 octobre», a écrit le président catalan. 



Dans la soirée du 18 octobre, Carles Puigdemont a rencontré la direction du Parti démocrate européen catalan (PDeCat) pour discuter de la marche à suivre. Loin de le pousser à la tempérance, celui-ci l'a encouragé à déclarer l'indépendance en cas de refus de dialogue de Madrid, selon Marta Pascal, sa coordinatrice générale. Dans ce cas, le dirigeant catalan devrait dans la foulée convoquer l’élection d’une Assemblée constituante. C’est l’une des hypothèses envisagées dans le camp des indépendantistes. Si cette situation se fait jour il est difficile, voire impossible, de prédire ce qu’il se passera.

Soraya Saenz de Santamaria, vice-présidente du gouvernement espagnol, a prévenu : «La mise en demeure envoyée à Carles Puigdemont est une question simple à laquelle il n'a pas encore été capable de répondre. S'il ne le fait pas, le gouvernement appliquera l'article 155.»

Les tensions et le flou demeurent autour de l'indépendance

Après le référendum du 1er octobre, scrutin déclaré illégal par Barcelone, le suspense était à son comble le 10 octobre lorsque Carles Puigdemont a prononcé un discours ménageant Madrid et les indépendantistes. Il a ensuite signé un document proclamant l'indépendance de la Catalogne, mais dont la valeur juridique reste floue.

Les indépendantistes catalans avaient placé de grands espoirs dans ce discours de leur président régional, y voyant une occasion unique de proclamer solennellement l'indépendance de la République de Catalogne dès le 10 octobre.

Mais le champion des séparatistes a opté pour un compromis, faisant une déclaration implicite d'indépendance, dont il a immédiatement suspendu les effets pour ouvrir la porte au dialogue et à la négociation avec Madrid.

Lire aussi : Madrid pourrait entamer la procédure de suspension de l'autonomie de la Catalogne dès le 19 octobre