A 87 ans passés, le milliardaire américain George Soros a transféré 18 milliards de dollars à sa fondation Open Society, soit l'essentiel de sa fortune. Un simple jeu d'écriture, toutefois, puisque l'argent passe de la Soros Fund Management, le fonds d'investissement qui gère les intérêts du milliardaire ainsi que ceux de l'Open Society Foundations (OSF), directement à cette dernière. Sur le papier, la quasi-totalité des avoirs de Georges Soros, moins un bas de laine estimé à 7 milliards d'euros, appartient désormais en propre à OSF, qui irrigue à son tour une pléthore d'associations. Ce qui en fait par ailleurs la seconde ONG la plus riche aux Etats-Unis après celle de Bill Gates et de son épouse, la Bill and Melinda Gates Foundation.
Mesure de précaution
Si l'âge venant, l'homme d'affaires d'origine hongroise, qui a fait fortune notamment en pariant contre la livre britannique en 1993, a possiblement pris ses dispositions face à l'inévitable, la généreuse donation de son vivant intervient alors que l'OSF traverse des temps difficiles. Montrée du doigt pour son rôle dans les révolutions dites de couleur, entretenant des relations troubles avec l'agence de développement international des Etats-Unis (USAID), la fondation est, entre autres, mise en cause en Hongrie. Budapest l'accuse notamment de promouvoir l'accueil de migrants dans l'Union européenne.
En juin 2017, dénonçant l'ingérence dans la vie démocratique du pays d'origine de George Soros et de son réseau d'associations tentaculaire, le parlement hongrois votait une loi visant à renforcer le contrôle sur les ONG étrangères en Hongrie. Dans le collimateur de Budapest également, l'Université d'Europe centrale (CEU), financée par George Soros, accusée d'influencer les élites du pays, ainsi que le fonctionnement de ses institutions démocratiques. «Il soutient tout ce qui affaiblit la nation, tout ce qui modifie le mode de vie traditionnel européen», avait déclaré Viktor Orban dans une interview radiophonique accordée à la radio Kossuth en 2016.
Ingérence de George Soros... aux Etats-Unis ?
Mais l'OSF est également pointée du doigt aux Etats-Unis depuis l'élection de Donald Trump. Malgré le résultat des urnes, George Soros reste droit dans ses bottes, dans le camp des détracteurs du successeur de Barack Obama. Parmi les partenaires solidaires du mouvement «Women's march», qui avait rassemblé contre Donald Trump des millions de personnes dans la rue en janvier 2017, on trouve ainsi plusieurs ONG ayant reçu des fonds de l'OSF de George Soros, dont la célèbre Human Rights Watch.
En mars 2017, des membres du Congrès américain écrivaient au secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson pour dénoncer les pratiques d'ingérence de la fondation de George Soros, pointant du doigt son activité d'agitation et de propagande en Macédoine, en vue, selon eux, d'un changement de régime. Les mêmes élus soupçonnent également George Soros d'avoir voulu influencer l'élection présidentielle américaine, puis d'avoir déclaré la guerre à Donald Trump, une fois ce dernier élu. En clair, de réunir les conditions d'une révolution colorée aux Etats-Unis-mêmes.
Dernier embarras en date pour le milliardaire né en 1930, une pétition ouverte en septembre 2017 demande le classement de l'ONG de George Soros comme organisation terroriste a réuni à ce jour plus de 150 000 signatures. Le texte, s'appuyant sur le droit de pétition garanti par la Constitution américaine, appelle à saisir les biens du milliardaire.
Alexandre Keller
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