France

Macron a fait lire à Merkel son discours de la Sorbonne sur l'Europe avant de le prononcer

Dans une interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, Emmanuel Macron a livré une surprenante confidence sur son discours européen de la Sorbonne. Il aurait en effet envoyé une copie de son texte à Angela Merkel, avant de le prononcer.

Le président français a accordé une longue interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegelà paraître le 14 octobre. Au cours de cet échange portant essentiellement sur son mandat, le chef de l'Etat s'est livré à une confidence inattendue pour un président de la République. Il assure en effet avoir envoyé une retranscription de son très long discours sur l'Union européenne de la Sorbonne du 26 septembre à la chancelière allemande... et pris en compte ses remarques. 

Interrogé sur ce discours, dans lequel la volonté du locataire de l'Elysée de donner un nouveau souffle à la construction européenne a marqué les esprits, Emmanuel Macron s'est dit «assez modeste» sur ses effets, déclarant avoir apporté des éléments nouveaux, mais aussi s'être largement inspiré d'idées proposées par d'autres. 

Elle a même reçu une copie de mon discours avant que je le prononce

Revenant par la suite sur ce sujet, le président a affirmé avoir «volontairement» évité de tenir son discours avant les élections législatives allemandes. Celles-ci étaient notamment marquées par l'essor de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne), très critique vis-à-vis de l'Union européenne, qui a finalement obtenu 12,6% des voix. 

«Je me suis étroitement coordonné avec la chancelière et je lui ai parlé à la fin de la campagne et même le soir des élections [le 24 septembre]. Elle a même reçu une copie de mon discours avant que je le prononce», finit par expliquer le chef d'Etat français. 

Manifestement intéressé par ce détail, le journaliste s'est empressé de lui demander s'il avait changé quoi que ce soit de son discours après la lecture de la chancelière, ce à quoi le président a répondu, assumant parfaitement ce procédé : «J'ai pris en compte certaines choses [...] Mais nous sommes d'accord sur l'essentiel : la chancelière partage les objectifs et les orientations que j'ai énoncés dans mon discours, et c'est important pour moi. [...] Il était important pour moi d'éviter de déclencher des discussions en Allemagne qui auraient forcé la chancelière à se distancier de mon discours», a expliqué le successeur de François Hollande. 

Nous avons développé une relation extrêmement étroite

Ayant manifestement l'intention d'insister sur ce point, Emmanuel Macron a assuré qu'il n'aurait pas pu prononcer ce discours sans la proximité exceptionnelle qu'il dit entretenir avec la chef du gouvernement allemand. «Nous avons développé une relation extrêmement étroite. Je n'aurais jamais tenu le discours de l'Europe à la Sorbonne si Angela Merkel et moi n'étions pas d'accord sur les points saillants», s'est-il ainsi félicité.

Macron et Merkel, une idylle politique ? 

Le président de la République n'a pas tari d'éloges envers la chancelière allemande au cours de l'entretien, déclarant lui parler au moins «une ou deux fois par semaine», n'hésitant pas à souligner son «grand respect pour elle», utilisant l'adjectif «courageuse» pour la qualifier et disant adorer leurs discussions. 

J'ai des sentiments extrêmement amicaux pour votre chancelière. Je pense qu'elle est très courageuse, et c'est une raison pour laquelle j'ai un si grand respect pour elle.

«J'ai des sentiments extrêmement amicaux pour votre chancelière. Je pense qu'elle est très courageuse, et c'est une raison pour laquelle j'ai un si grand respect pour elle», a-t-il ainsi confié avec emphase à son intervieweur. 


Un nouveau souffle pour l'Union européenne ?

Au delà du lyrisme, c'est surtout l'entente entre les deux nations sur la politique européenne de demain qui semble intéresser le président français, qui a confié à la chancelière allemande vouloir «continuer à aller de l'avant avec l'Europe». 

«Ce que j'apprécie vraiment chez elle, c'est qu'elle n'a jamais essayé de freiner mon élan, mon enthousiasme [sur l'Europe]. Elle me dit : "Je ne vais pas jouer le rôle de la personne qui a déjà vécu et tout vu".»

Tout semble aller donc pour le mieux entre la chancelière, qui entame son quatrième mandat, et le président élu depuis cinq mois. 

Lire aussi : Macron va reconnaître le drapeau européen pour le maintenir à l'Assemblée, Mélenchon riposte