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La peste ravage Madagascar : un dernier bilan fait état de 45 morts, l'OMS sur le pied de guerre

Depuis août dernier, la peste a contaminé près de 400 personnes à Madagascar et fait 45 victimes. Si l'OMS et la Croix-Rouge se démènent sur place pour empêcher toute épidémie, la tâche se révèle difficile et ravive les divisions politiques.

Le ministère de la santé malgache a communiqué le 9 octobre un nouveau bilan de la propagation de la peste sur l'île. Depuis le 1er août, la maladie aura fait 45 victimes 387 personnes ont été contaminées, selon un bilan communiqué par l'agence de presse réunionnaise imazpress.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé le 6 octobre dernier, qu'elle avait fourni 1,2 millions de doses d'antibiotiques à Madagascar pour empêcher la propagation de l'épidémie. 

Et 250 000 doses supplémentaires doivent être livrées dans les jours qui viennent. L'objectif affiché donne la mesure du risque : le gouvernement malgache et l'OMS entendent traiter 5 000 patients et protéger jusqu'à 100 000 personnes.

Sur le terrain, la Croix-Rouge a déployé près de 1 000 volontaires pour soutenir les autorités sanitaires malgaches. Ces dernières ont déjà annoncé la fermeture de toutes les écoles du pays et de certaines universités jusqu'à nouvel ordre, afin d'éviter la propagation de la maladie. Dans un second temps, ce sont les visites en prison qui ont été interdites. Enfin, la compagnie aérienne Air Seychelles a annoncé la suspension de tous ses vols à destination de Madagascar à partir du 8 octobre.

Des rites funéraires et une polémique politique

Mais la tâche est parfois complexe, de nombreuses familles refusant de confier leurs morts aux services sanitaires, accroissant d'autant les risques de contagion. «C’est difficile : les rites funéraires sont très importants et les familles veulent garder leurs morts... Elles ont aussi peur de la stigmatisation, car la peste est considérée comme une maladie honteuse, signe d’une mauvaise propreté», relate un bénévole de la Croix-Rouge dans les colonnes du Monde.

La capitale Antananarivo est particulièrement touchée, avec 206 malades et 18 décès selon le dernier bilan publié. Début octobre, le gouvernement de Madagascar avait d'ailleurs accusé la municipalité d'être directement responsable de la propagation de la maladie, pointant du doigt la mauvaise gestion du ramassage des ordures.

Ces accusations pourraient bien ne pas répondre à des seuls impératifs sanitaires : la maire de la capitale, Lalo Ravalomanana, n'est autre que l'épouse de l'ex-président, Marc Ravalomanana. Or, ce dernier a d'ores et déjà annoncé sa candidature à la présidentielle de 2018, contre Hery Rajaonarimampianina, le président actuel. Dès lors, les partisans des deux camps s'accusent mutuellement de ne pas être à la hauteur pour maîtriser la gestion de la crise en cours.

La peste, après avoir fait des ravages en Europe pendant plusieurs siècles, a presque disparu du Vieux continent. Ce qui n'empêche pas l'OMS de la considérer comme une maladie réémergente dans le monde.

L'Afrique concentre à elle seule 90% des cas répertoriés chaque année, parmi lesquels un grand nombre se trouvent à Madagascar. Plusieurs rapports notent que, si le nombre de contagions tend à diminuer, la mortalité augmente, notamment à cause de la dégradation du système de santé après la crise politique dont souffre le pays depuis quelques années.

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