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Les Etats-Unis ont «envahi» le consulat russe à San Francisco, une démarche «illégitime» pour Moscou

Un serrurier a forcé la serrure de la résidence du consul de Russie à San Francisco, dont Washington a réclamé l’évacuation avant la date butoir du 1er octobre. La diplomatie russe dénonce une «violation du droit international».

Le 2 octobre, des représentants des forces de l'ordre des Etats-Unis ont fait procéder à l'ouverture des serrures du consulat de Russie à San Francisco, laissé vacant par son personnel depuis le 2 septembre dernier en raison d'une décision du gouvernement américain.

Escorté par la police, un serrurier s'est ensuite attaqué au verrou de la résidence du consul, camouflé derrière une bâche sous laquelle il a passé un long moment sur le territoire de la mission diplomatique russe à l’abri des regards indiscrets.

«Envahisseurs»

«En dépit des avertissements, les autorités américaines n'ont pas entendu la voix de la raison et n'ont pas renoncé à leurs intentions illégitimes. Aujourd'hui, les locaux du Consulat général de Russie à San Francisco ont été entièrement envahis», lit-on dans un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères diffusé le même jour. Moscou a ajouté que la résidence du consul russe avait également été «saisie», ce que la Russie a qualifié de «grossière violation du droit international».

«Nous soulignons à nouveau que nous n'avons jamais donné et ne donnons pas aux Etats-Unis l'autorisation de lever l'immunité sur les propriétés diplomatique et consulaire russes, nous n'avons pas autorisé et n'autorisons aucune intrusion sur nos sites», a poursuivi la diplomatie russe, qualifiant d’«envahisseurs» les fonctionnaires américains ayant pénétré sur son territoire.

Expliquant que les portes d’entrée du consulat avaient été «fracturées» et l’intérieur du bâtiment totalement fouillé, le ministère a rappelé que Washington avait «déjà saisi de force cinq sites diplomatiques appartenant à la Russie» depuis le mois de décembre 2016 et que Moscou se réservait «le droit de réagir».

Concrètement, la Russie reproche aux Etats-Unis de violer la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Ce traité, adopté en 1961, interdit aux forces de l'ordre du pays hôte d'entrer sur le territoire des représentations diplomatiques d'un pays sans son autorisation.

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Pour illustrer les violations dont la Fédération de Russie se dit vicitime, son ambassade à Washington a diffusé en direct sur Twitter le déroulement de la journée, dénonçant l'«effraction d’une propriété diplomatique russe» en Californie.

Alors que la police faisait sauter les serrures, un citoyen Américain s'est approché des diplomates russes qui étaient sur place pour leur faire part de son indignation concernant le comportement de son propre gouvernement.

«Il a dit qu'il ne croyait pas que c'était judicieux, a qualifié [les actions des Etats-Unis] de violation du droit international et a avoué avoir honte», a tweeté l'ambassade, relayant les propos de ce simple citoyen.

Le 31 août dernier, Washington avait imposé à la Russie de fermer son consulat de San Francisco, ainsi que ses missions commerciales de Washington et de New York dans les 72 heures. Des bâtiments diplomatiques russes avaient été fouillés dès le 2 septembrece que la Russie avait déjà qualifié d'«acte hostile et de grossière violation du droit international». De plus, le consul en poste à San Franciso diposait d'un délai courant jusqu'au 1er octobre pour évacuer sa résidence.

Cette décision américaine s'inscrit dans une longue liste de sanctions et de représailles prises tour à tour par les Etats-Unis et la Russie depuis que le président américain Barack Obama a fait expulser 35 diplomates russes du territoire américain fin 2016. Le locataire de la Maison Blanche, alors en fin de mandat, avait invoqué une supposée ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle américaine pour justifier cette mesure.

En juillet dernier, le Congrès américain avait adopté des sanctions économiques contre la Russie en raison du conflit ukrainien. Une décision à laquelle Vladimir Poutine a répondu en ordonnant l'expulsion de 755 diplomates américains habilités à travailler en Russie, réduisant ainsi leur effectif à 455, un nombre identique à celui des diplomates russes se trouvant aux Etats-Unis.