Moscou a réagi à l'information publiée par le site Yahoo News le 11 septembre selon laquelle un ex-correspondant à la Maison Blanche pour la version en anglais du média russe Sputnik aurait dû répondre à un interrogatoire du FBI. L'agence de renseignement américaine lui aurait notamment posé des questions sur les «procédés éditoriaux» du média.
«Faire subir un interrogatoire à des journalistes, ou à d'anciens journalistes concernant leurs activités journalistiques ne plaide pas en faveur du pluralisme et de la liberté de la presse», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov ce 12 septembre 2017. Soulignant que les correspondants étrangers travaillant en Russie n'étaient pas censurés par les autorités, il a ajouté : «Toute censure est inacceptable. Toute persécution se fondant sur un contenu éditorial est inacceptable.»
Le 11 septembre, Yahoo News révélait qu'Andrew Feinberg avait été interrogé par le FBI dix jours plus tôt, le 1er septembre. L'agence américaine de renseignement aurait voulu en savoir plus dans le cadre d'une enquête visant à déterminer s'il faisait partie, explique le site d'information, «d'une filiale de propagande non déclarée du Kremlin». «[Le FBI] voulait savoir d'où venaient mes ordres et si je n'avais jamais reçu quelque instruction de la part de Moscou», a confié à Andrew Feinberg à Yahoo News. «Ils cherchaient à savoir si j'étais poussé à couvrir certains sujets», a-t-il ajouté.
Pour justifier un tel interrogatoire, le FBI aurait pris comme base légale une loi datant de 1938, adoptée à l'époque pour lutter contre les manifestations pro-nazis aux Etats-Unis. Baptisée Foreign Agents Registration Act (FARA), celle-ci oblige les «agents étrangers» à se signaler en tant que tels.
401 entités sont actuellement enregistrées comme telles, il s'agit d'instances de lobbying et d'organisations touristiques, mais pas de médias, ces derniers en ayant jusque là toujours été exemptés.
«Qu'une enquête soit menée contre nous n'est pas surprenant, depuis qu'une atmosphère d'hystérie à propos de tout ce qui touche à la Russie a été crée dans le pays [aux Etats-Unis] et que tout ce qui contient le mot "russe" est vu à travers le prisme de l'obsession de l'espionnage», a réagi Mindia Gavasheli, rédacteur en chef du bureau de Sputnik à Washington.
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