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«Un autre président français raté» : la tribune assassine du New York Times contre Emmanuel Macron

Dans une tribune publiée dans le New York Times, Chris Bickerton, professeur de politique européenne à Cambridge, fait chuter le président de la République de son piédestal, critiquant vigoureusement son arrogance et sa politique «néolibérale».

Au lendemain de l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République française, en mai dernier, le célèbre quotidien américain The New York Times (NYT) faisait l'éloge du nouveau chef de l'Etat, voyant en lui l'architecte du «renouveau de l'Europe».

Mais quatre mois plus tard, si la politique étrangère menée par Emmanuel Macron a plutôt bonne presse hors de l'Hexagone, sa politique intérieure s'est au moins attirée les foudres du professeur Chris Bickerton, qui enseigne la politique européenne à la prestigieuse université britannique de Cambridge, et auteur d'une tribune dans le NYT.

Dans la version papier du journal daté du 8 septembre, il estime ni plus ni moins qu'Emmanuel Macron sera «un autre président français raté». Pour l'universitaire, le nouveau chef de l'Etat n'a remporté le scrutin présidentiel que «parce qu'il était le candidat le moins mauvais». Et aujourd'hui, observe-t-il à raison, sa côte de popularité est en chute libre. Cela, Chris Bickerton le met avant tout, sur le compte du «macronisme», terme qu'il emploie pour désigner le choix du président français de miser sur son style et sa personnalité pour convaincre. Une attitude «arrogante» qu'il juge risquée.

Cette approche hyper-personnalisée a toujours porté en elle le risque qu'une fois ce charme passé, il ne reste plus rien, ce qui est exactement en train de se passer

Le professeur s'explique : «L'ensemble du projet politique du président français se base sur sa propre personne. Une grande partie de sa popularité est due à sa jeunesse, à son dynamisme, à sa beauté et à ses compétences oratoires. Cette approche hyper-personnalisée a toujours portée en elle le risque qu'une fois ce charme passé, il ne reste plus rien, ce qui est exactement en train de se passer.»

Il pointe également du doigt des mesures qu'il considère comme mauvaises, en particulier les politique économiques portées par l'exécutif. Ces dernières «favorisent les employeurs par rapport aux travailleurs et éliminent ce qui reste de l'Etat-providence français», note le professeur.

Chris Bickerton ajoute que les résultats que permettraient d'obtenir une telle politique en matière de réduction du chômage pourraient sembler satisfaisants au premier abord, mais ne s'obtiendraient qu'au prix d'un accroissement des inégalités. Et l'universitaire de citer l'exemple de l'Allemagne, où les réformes du marché du travail ont ouvert la porte à un système de «mini-emplois», très maigrement rémunérés, qui a, certes, fait baisser les chiffres du chômage, mais a jeté les travailleurs dans la précarité. 

Quant au Royaume-Uni, où il enseigne la politique européenne, Chris Bickerton estime que le marché du travail y est particulièrement déréglementé. Or, affirme-t-il, le niveau record d'emploi côtoie une faible productivité, une stagnation des salaires et une prolifération des contrats de travail à court terme. «Est-ce ce futur que veut la France ?», se demande l'auteur de la tribune publiée par le NYT.

Le macronisme n'est que belles paroles et démesure, soutenues par des politiques néolibérales classiques

«Le succès de Monsieur Macron à l'élection présidentielle française a secoué le paysage politique moribond d'une manière profonde et durable. Pour cela, on peut le remercier. Mais en tant que projet politique, le macronisme n'est que belles paroles et démesure, soutenues par des politiques néolibérales conventionnelles», conclut sèchement le professeur de Cambridge. 

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