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Boucliers humains : l'ONU accuse la coalition US d'avoir violé le droit international en Syrie

La Commission d'enquête sur la Syrie a publié un rapport accablant pour les belligérants engagés dans le conflit syrien. Si les conclusions accusent Damas, la coalition dirigée par les Etats-Unis est également mise en cause.

«La Commission est très préoccupée quant aux conséquences des frappes aériennes de la coalition pour les civils», déplore un rapport de la Commission d'enquête des Nations unies sur la Syrie, publié le 6 septembre 2017. Selon son président, Paulo Sergio Pinheiro, les forces occidentales ont échoué à protéger correctement les populations, notamment à Raqqa. «L'offensive en cours des Forces démocratiques syriennes [dominées par les Kurdes et soutenues par les Etats-Unis] et de la coalition internationale contre Daesh a déplacé plus de 190 000 personnes», pointe le rapport. Et d'ajouter : «Et les frappes aériennes de la coalition auraient causé la mort d'un grand nombre de civils.»

La situation humanitaire des civils dans les zones de combat n'est toutefois pas inconnue. L'Organisation des Nations unies (ONU) avait encore tiré le signal d'alarme le 27 août dernier. Selon l'organisation internationale, alors que les djihadistes utilisaient les civils comme boucliers humains dans Raqqa, les forces de la coalition bombardaient les voies d'évacuation. «[Des civils] risquent d'être tués, soit par des bombardements aériens, soit par des tireurs d'élite ou des mines s'ils essaient de fuir», s'inquiétait Stephen O'Brien, secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence à l'ONU.

Le rapport ne se cantonne pas seulement à Raqqa mais revient également sur les raids de la coalition menée par Washington à Alep, et en particulier d'un village de sa périphérie : Al-Jineh. Le 16 mars, l'aviation américaine y effectuait un raid durant lequel 49 personnes avaient été tuées et une mosquée détruite. «Les forces [armées] des Etats-Unis semblent avoir échoué à prendre les précautions nécessaires pour éviter [de provoquer] des victimes civiles», avait alors déploré l'ONG Human Rights Watch (HWR).

Damas également accusée

La Commission d'enquête est également revenue sur l'incident chimique de Khan Cheikhoun du 4 avril, l'imputant aux forces syriennes, malgré les multiples démentis de Damas.

Le 30 juin dernier, un précédent rapport publié cette fois par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) affirmait déjà que du gaz sarin avait été employé à Khan Cheikhoun sans pour autant désigner l'armée syrienne comme le coupable. Un pas que Washington n'avait pourtant pas hésité à franchir, désignant sans attendre les conclusions de l'enquête les autorités syriennes comme responsables.

Rejetant les assertions américaines d'une part, la Syrie avait dénoncé d'autre part la partialité du document de la commission onusienne, pointant son manque de rigueur. Pour Damas, il s'agissait même pour Washington de gagner du temps et freiner une défaite des terroristes inéluctable. La diplomatie russe avait quant à elle mis en exergue des «conclusions fondées sur des données très douteuses», assurant y voir des signes d'une «commande politique».

La veille de la publication du rapport, le 5 septembre 2017, la télévision syrienne a annoncé que les forces de Damas étaient enfin parvenues à briser le siège de Deir ez-Zor, ville encerclée depuis mai 2015 par Daesh.

Alexandre Keller

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