La Russie a déposé le 5 septembre un projet de résolution au président du Conseil de sécurité de l’ONU, d'après le représentant russe auprès de cette organisation, Vassili Nebenzia. Le texte propose notamment d’envoyer une mission de maintien de la paix de l’ONU en Ukraine pour y protéger la mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
«Nous espérons qu’il sera transmis prochainement aux membres du Conseil», a déclaré le responsable, cité par les agences russes. Il a précisé que la Russie projetait d’inviter des experts afin de discuter de la résolution, avant de la présenter ensuite aux représentants permanents des pays membres du Conseil.
Plus tôt dans la journée, Vladimir Poutine avait chargé le ministère russe des Affaires étrangères de préparer cette résolution, à l'occasion de la conférence de presse donnée à l'issue du sommet des BRICS, à Xiamen.
«Je trouve tout à fait appropriée la présence de forces de maintien de la paix [en Ukraine], ou plutôt de personnes assurant la sécurité de la mission de l'OSCE», a déclaré le président russe. «Plus encore, je pense que cela serait bénéfique au règlement du problème dans le sud-est de l'Ukraine», a-t-il souligné, ajoutant que les fonctions des Casques bleus devraient selon lui être strictement limitées à la sécurité des employés de l’OSCE.
Il a finalement précisé qu’une telle mission de l’ONU devait avoir pour cadre géographique la ligne de démarcation entre les parties belligérantes dans l’est de l’Ukraine et ne pourrait être instaurée qu’après la cessation des affrontements armés. Des heurts entre l’armée ukrainienne et les combattants des milices populaires de l'Est ukrainien se produisent régulièrement malgré la signature des accords de paix de Minsk en 2015 et de régulières annonces de trêves, que les deux parties s'accusent mutuellement de violer.
Kiev, Berlin et Donetsk approuvent l’initiative russe
L'Allemagne, un des garants des accords de Minsk, a accueilli favorablement la proposition de Vladimir Poutine. «Si cela constitue véritablement une chance [de stabiliser la situation], nous devrions la saisir. Nous avons besoin de davantage et non pas de moins de politique de détente», a déclaré le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel devant la chambre des députés. «Cela pourrait constituer une première étape vers la levée des sanctions contre la Russie», a-t-il ajouté.
L’Ukraine, elle, s’est déjà dit prête à travailler sur la proposition russe, comme l’a annoncé aux journalistes le représentant permanent de Kiev auprès de l’ONU, Vladimir Ieltchenko. Il a ajouté que Kiev souhaitait ajouter plusieurs conditions au déploiement des Casques bleus sur son territoire, notamment qu'aucun d'eux ne soit issu de l'armée russe.
Une première étape vers la levée des sanctions contre la Russie
Il est à noter que l’Ukraine, tout comme l’Allemagne, avait déjà proposé l’instauration d’une mission de maintien de la paix de l’ONU dans les zones de conflit. Mais Kiev souhaitait que ses forces soient présentes dans toute la zone de conflit, à savoir également dans les régions de Donetsk et de Lougansk, et pas seulement sur la ligne de front.
Du côté des rebelles, le chef de la République autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, s'est dit «prêt à discuter» d'un tel projet mais a conditionné tout déploiement de soldats de l'ONU au respect des accords de paix de la part de Kiev. Un autre responsable rebelle, Denis Pouchiline, a qualifié l'idée de «rationnelle». «Actuellement le conflit est entré dans une phase où même en période de trêve, des civils sont blessés et des soldats meurent, d'où l'idée de chercher d'autres solutions», a-t-il expliqué à l'AFP.
Le conflit entre l’armée ukrainienne et les milices populaires des régions de Donetsk et Lougansk, qui refusent de reconnaître le gouvernement issu d'un coup d'Etat en 2014, a fait plus de 10 000 morts en près de trois ans et demi. Près de 600 observateurs de l'OSCE sont chargés de contrôler le respect des accords de paix. Fin avril, un collaborateur de l'OSCE, un Américain, avait été tué dans l'explosion d'une mine au passage d'une patrouille.