Le viol d’une femme de 50 ans dans le parc Rosental de Leipzig, le 1er septembre, en pleine journée, a mis la ville en émoi. La victime, frappée au visage, a dû être opérée. Une enquête a été ouverte mais l’agresseur, un jeune homme entre 25 et 35 ans, court toujours. Les habitants redoutent aujourd’hui de se promener dans le parc.
Les consignes du porte-parole de la police, Uwe Voigt, ont été relayés par plusieurs journaux régionauxn, ainsi que par le BILD: «Il est préférable de courir à deux, ou de regarder derrière vous lorsque vous dépassez quelqu’un.»
Passe d’armes entre la police et le maire de Leipzig
Ces propos n'ont pas manqué de choquer l’opinion publique allemande, les médias, mais aussi le maire de la ville, Burkhard Jung (SPD). Ce dernier a immédiatement répliqué dans le BILD : «Nous vivons dans une ville où toutes les femmes doivent pouvoir aller courir dans les parcs, où elles doivent pouvoir se déplacer en toute sécurité. Et pour cela, nous avons besoin de davantage de présence policière.»
Une demande récurrente du maire de Leipzig depuis plusieurs années, non suivie d’effets mais qui a aujourd’hui davantage de chances d’aboutir : il en appelle cette fois au Ministre de l'Intérieur de Saxe.
Des idées controversées pour protéger les femmes
Cette réaction de la police qui déclenche l’ire des Allemands n'est pourtant pas surprenante dans un pays rompu aux déclarations maladroites lors d'agressions envers les femmes. Ils font notamment écho aux propos du maire de Cologne, Henriette Reker, suite aux violences du 31 décembre 2015. Elle avait en effet conseillé aux femmes de se tenir «à distance d’un bras des inconnus», et de ne pas quitter leur groupe d’amis, même si elles avaient envie de faire la fête.
Ces propos avaient suscité de nombreuses protestations et manifestations pour dénoncer une forme de culpabilisation des potentielles victimes, culpabilisation doublée d'absence d'action pour neutraliser les agresseurs. C’est aussi curieusement en Allemagne qu'en mars 2016, une compagnie ferroviaire a mis en place des compartiments réservés aux femmes, comme en Iran, au Mexique, au Brésil, en Egypte, au Japon ou en Inde. La Mitteldeutsche Regiobahn a expliqué que ce wagon sécurisé de la ligne Leipzig-Chemnitz, se situerait à l'arrière du train, proche du personnel de bord susceptible d'intervenir en cas de besoin.
«Trottoirs plus larges» à Paris
Ces conseils d'adaptation ou initiatives de précaution à l'endroite des femmes commencent donc à fleurir, sans que des décisions politiques soient prises pour tenter de prévenir et contenir la violence masculine. Certains de ces conseils peuvent déclencher l’hilarité. Comme, en mai 2017, lorsque le quartier de Porte de la Chapelle a Paris, est devenu l'objet des critiques des riverains pour être devenu un lieu de harcèlement. Pour remédier au phénomène, la militante française Caroline de Haas avait eu une brillante idée en suggérant sur Franceinfo que les trottoirs soient plus larges et l'éclairage public intensifié.
Ces propos avaient déclenché la fureur de la twittosphère, tout bord idéologique ou politique (et même d'autres féministes comme la femme politique Arlette Zilberg) ayant épinglé Caroline de Haas.
Au Royaume Uni, la recrudescence des agressions sexuelles au festival de Glastonbury a entraîné la création d’une zone réservée aux femmes en 2016. Cet espace, baptisé Sisterhood, lieu de revendication et création féministe, est réservé aux femmes, aux trans et aux queer. Plus de 25 festivals de Grande Bretagne ont en outre éteint leurs sites internet durant la journée du 8 mai 2017 dans le cadre d'une campagne de lutte contre les agressions sexuelles.
En Suède, un cap a été franchi : Bravalla, le plus grand festival de rock en Suède jette l’éponge pour 2018. Cinq plaintes pour viol et quinze autres pour agressions sexuelles ont eu raison de la tenue de l'événement. Une actrice suédoise, Emma Knyckare a proposé une alternative : créer un nouveau festival accessible uniquement aux femmes.
«Que pensez-vous de l'idée de mettre en place un festival vraiment sympa où seuls les "non-hommes" seront les bienvenus, et nous continuerons jusqu'à ce que TOUS les hommes aient appris à se comporter?» avait ainsi lancé l'actrice sur Twitter.