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Critiques allemandes contre Ankara : la Turquie «gardera la tête haute en tant que pays européen»

En campagne électorale, la chancelière allemande a clairement signifié son opposition à une adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Ankara a fait part de son indignation mais Berlin maintient sa position, et reçoit même le soutien de Bruxelles.

En pleine campagne pour les élections fédérales du 24 septembre 2017, l'opposition déclarée d'Angela Merkel à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne (UE) ne passe pas à Ankara. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement condamné ce 4 septembre le «populisme» de la chancelière allemande, selon son porte-parole, Ibrahim Kalin. «Nous espérons que cette atmosphère problématique, avec pour victime de cet horizon politique étroit la relation germano-turque, prendra fin», a ajouté le porte-parole.

La Turquie persévérera et gardera la tête haute en tant que pays européen et que démocratie européenne

«[La Turquie] persévérera et gardera la tête haute en tant que pays européen et démocratie européenne», a martelé pour sa part Omer Celik, le ministre turc des Affaires européennes. 

Le 3 septembre, lors d'un débat l'opposant à l'ex-président du Parlement européen et candidat à la chancellerie allemande, le social-démocrate Martin Schulz, Angela Merkel avait fait part de son intention de mettre un terme au processus d'adhésion de la Turquie à l'UE. «Il est clair que la Turquie ne doit pas devenir un membre de l'Union européenne», avait-elle jugé, rejoignant la position de Martin Schulz sur la question, peut-être afin de lui couper l'herbe sous le pied, alors que la brouille germano-turque continue d'occuper le débat public.

Soutien de Jean-Claude Juncker

Loin d'apaiser la controverse, la chancellerie a encore enfoncé le clou. «Les propos de la chancelière sont clairs», a ainsi déclaré le porte-parole d'Angela Merkel, Stephen Seibert, lors d'une conférence de presse à Berlin ce 4 septembre.

«Pour l'instant, la Turquie n'est absolument pas en position de rejoindre l'Union européenne», a-t-il ajouté, bénéficiant de l'appui du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Le porte-parole de ce dernier a en effet jugé «impossible» l'entrée de la Turquie dans l'UE. «La Turquie s'éloigne à pas de géant de l'Union européenne», a-t-il encore expliqué, pour bien se faire comprendre.

Déjà houleuses depuis les conséquences de la tentative de coup d'Etat contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016, les relations entre Berlin et Ankara se sont dégradées en un an, en raison notamment de la qualification de génocide, par les députés allemands, du massacre des Arméniens dans l'empire Ottoman au début du XXe siècle et de satires télévisées allemandes visant le président turc. Le 1er septembre 2017, elles se sont encore envenimées avec l'incarcération de deux Allemands en Turquie.

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