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Macron accuse le Venezuela d'être une «dictature», Caracas dénonce une «ingérence» dans ses affaires

Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères a condamné fermement les déclarations du président de la République française, qui avait parlé de la «dictature» de Nicolas Maduro. Le ministre a exigé du «respect» de la part du chef d'Etat français.

Dans un communiqué du 30 août, le ministre des Affaires étrangères du Venezuela, Jorge Arreaza, a fermement dénoncé les récents propos du président français, Emmanuel Macron. Le 29 août, le locataire de l'Elysée avait qualifié l'Etat sud-américain présidé par Nicolas Maduro de «dictature», lors d'un discours prononcé devant les ambassadeurs français à Paris. Par le biais d'un communiqué publié sur son site web, le ministre vénézuélien a fait savoir que les déclarations du chef de l'Etat français sur son pays constituaient une «ingérence claire» dans les affaires intérieures du Venezuela, selon l'AFP. 

Lors de son discours de politique étrangère, le président français avait fustigé la manière dont «certains», en France, avaient pu se montrer complaisants avec «le régime qui se met en place au Venezuela». Il avait poursuivi en lançant : «Une dictature qui tente de se survivre au prix d'une détresse humanitaire sans précédent, alors même que les ressources de ce pays restent considérables.» 

«[Les assertions exprimées par Emmanuel Macron] portent atteinte aux institutions vénézuéliennes et semblent provoquées par l'obsession permanente et impériale d'attaquer notre peuple, en ignorant les principes les plus élémentaires du droit international», déplore Jorge Arreaza. Le ministre bolivarien estime également que les propos du président de la République française démontrent une «profonde méconnaissance de la réalité» du pays dirigé par le socialiste Nicolas Maduro. Il a également exigé de l’exécutif français «le respect pour sa démocratie».

Alors que le Venezuela traverse une grave crise politique, économique et sociale, ses autorités ont fait l'objet de critiques sur la scène internationale ces derniers mois, en particulier de la part des pays occidentaux. En cause : les violences meurtrières ayant ensanglanté le pays lors de manifestations anti-Maduro, et la tenue le 30 juillet d'un scrutin pour l'élection d'une Assemblée constituante, jugée illégitime par l'opposition.

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Le Venezuela : un sujet qui fâche la classe politique française

En France, les déclarations d'Emmanuel Macron ont été perçues comme une réponse implicite à son opposant politique, Jean-Luc Mélenchon, ex-candidat à l'élection présidentielle et leader du groupe La France Insoumise (FI) à l'Assemblée nationale. Les «complaisants» au «régime» de Nicolas Maduro décrits par le président de la République semblent renvoyer à FI, dont les positions sur le Venezuela – très critiques vis-à-vis de l'opposition au président Maduro – sont assez isolées dans la sphère politique française. 

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Lors des journées d'été de FI, le 25 août à Marseille, Jean-Luc Mélenchon avait réaffirmé sa position sur la crise vénézuélienne. Pour le leader du mouvement de gauche, l'impérialisme américain est le «principal responsable du mal» dans le pays de Nicolas Maduro. Par la suite, certains «Insoumis» n'ont pas hésité à faire bloc autour de leur leader. 

Au micro du journaliste Guillaume Durand, ce 30 août sur Radio Classique, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon et député, Alexis Corbière, a dénoncé la qualification de «dictature», utilisée par le président Emmanuel Macron pour désigner le Venezuela.  Il a affirmé : «Si c'est le cas, l'homme qui a mis en place cette dictature s'appelle Ismaël Emelien, conseiller spécial d'Emmanuel Macron». Le député FI faisait allusion par là au rôle qu'a joué l'un des plus proches conseillers du président français dans la communication de la campagne présidentielle... du successeur d'Hugo Chavez, en 2013.

La porte-parole de FI, Raquel Garrido, qui a rejoint l'équipe de chroniqueurs de Thierry Ardisson sur C8, a appuyé dans un tweet les propos du député de la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis. 

Ces dernières semaines, divers responsables de FI, dont les députés Adrien Quatennens et Clémentine Autain, avaient déjà accusé les Etats-Unis de s'immiscer dans les affaires du Venezuela en soutenant l'opposition à Nicolas Maduro, à contre-courant de la vision de cette crise portée par la majorité de la classe politique française.

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