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Le Liban annonce sa victoire contre Daesh, malgré un accord controversé avec les djihadistes

Des centaines de djihadistes et de membres de leurs familles ont été acheminés de l'est du Liban vers un fief de Daesh en Syrie, près de la frontière irakienne. Si Beyrouth se félicite de sa victoire, Bagdad s'estime lésé.

«Nous annonçons la victoire du Liban contre le terrorisme et je dédie cette victoire à tous les Libanais qui peuvent être fiers de leur armée», a annoncé le président Michel Aoun lors d'un point de presse au palais présidentiel à Baabda, à l'est de Beyrouth, le 30 août.

Daesh a en effet été chassé de la frontière libano-syrienne à la suite d'un accord de cessez-le-feu prévoyant l'évacuation des djihadistes vers Deir ez-Zor, seule province syrienne encore sous contrôle de l'organisation, située dans l'est du pays non loin de la frontière irakienne. Cet accord marque la fin d'une semaine de combats intenses, l'armée libanaise combattant l'organisation Etat islamique sur un front pendant que le Hezbollah et l'armée syrienne la combattaient du côté syrien de la frontière.

Des djihadistes dans des «bus climatisés»

Ainsi, le 29 août, des combattants de Daesh ainsi que leurs familles, constituant au total quelques centaines de personnes selon l'AFP, ont été évacués en bus de la frontière selon Reuters, citant une source proche de l'organisation chiite du Hezbollah.

L'agence de presse française rapporte que l'accord a fait grincer des dents au Liban, certains exprimant leur indignation de voir des terroristes, soupçonnés d'avoir exécuté neuf soldats libanais kidnappés par l'organisation en 2014, quitter la zone à bord de «bus climatisés».

«J'ai beaucoup entendu demander "pourquoi l'armée n'a pas continué la bataille" [...] mais j'avais des responsabilités à assumer», s'est défendu le chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun.

Le 27 août, l'armée libanaise acceptait de marquer une pause dans les combats afin de négocier avec les djihadistes, notamment concernant le sort d'otages libanais aux mains de l'organisation terroriste depuis 2014. Alors en pleine expansion, Daesh avait en effet débordé de la Syrie à travers la frontière poreuse du Liban et pris pied dans des régions montagneuses où la présence militaire de Beyrouth avait toujours été faible. Daesh avait notamment conquis une ville frontalière, Aarsal, et capturé 30 soldats et policiers libanais. Quatre avaient été exécutés immédiatement et le sort de neuf d'entre eux était toujours inconnu lorsque les négociations ont débuté. Daesh avait fait de cette zone du Liban, difficile d'accès, une base arrière pour lancer des attaques meurtrières en territoire syrien.

L'Irak furieux, frappe de la coalition occidentale

L'accord intervenu entre les autorités libanaises et Daesh est en revanche resté en travers de la gorge de l'Irak, dont la frontière se situe à une centaine kilomètre de Deir ez-Zor, où les terroristes ont été acheminés.

Le 29 août, en fin de journée, le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, s'est ainsi dit «très inquiet». «En Irak, nous affrontons les djihadistes, nous ne les déplaçons pas vers la Syrie», a-t-il dénoncé.

Après sa victoire à Mossoul en juillet dernier, l'armée irakienne se concentre sur la localité de Tal Afar, où certaines poches sont toujours sous contrôle de Daesh. La ville, à l'est de Mossoul, constitue un point stratégique d'une route permettant aux islamistes de rester en contact avec la Syrie.

Ce 30 août, rapporte l'AFP, la coalition occidentale dirigée par les Etats-Unis a même procédé à une frappe aérienne, afin d'empêcher le convoi de djihadistes d'atteindre l'est irakien. «Pour empêcher le convoi de se diriger plus à l'est, nous avons créé un cratère et détruit un petit pont», a affirmé le colonel Ryan Dillon, porte-parole de la coalition.

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