Le conflit au Yémen ne bénéficie pas de la même couverture médiatique que d'autres guerres, mais le bilan humain n'en reste pas moins désastreux. En témoigne le nombre de frappes recensées par l'organisation non gouvernementale Global protection cluster, reconnue par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Dans son rapport mensuel du mois d'août consacré au Yémen, selon l'ONG, qui compile différentes sources, le pays a été la cible de 5 676 raids aériens depuis début 2017. Un chiffre à comparer avec les 3 936 bombardements que l'organisation a recensés pour l'ensemble de l'année 2016.
Cette intensification des opérations militaires au Yémen s'ajoute à une situation humanitaire catastrophique. Dès le début de l'intervention de la coalition arabe emmenée par l'Arabie saoudite en avril 2015, une épidémie de choléra s'est déclarée dans le pays, touchant quelque 400 000 personnes. L'ONG Save the Children a encore tiré la sonnette d'alarme début août : un million d'enfants yéménites seraient en situation de malnutrition.
Depuis le soulèvement des rebelles chiites Houtis, alliés aux partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, contre les forces loyales au président Abdrabbo Mansour Hadi, la coalition arabe pilonne le Yémen, engendrant de nombreuses victimes et des destructions. Selon les chiffres de Global protection cluster, au Yémen, 82% de la population dépend de l'assistance humanitaire, soit plus de 21 millions de personnes. Parmi ceux-ci, 14 millions de personnes, en situation extrême, nécessiteraient des mesures de protection et l'on compte quelque 2,7 millions de réfugiés, soit 10% de la population. Concernant les victimes civiles, la coalition arabe botte en touche, évoquant des erreurs ou encore des renseignements militaires erronés.
Alexandre Keller