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Pour le général Haftar, les Européens doivent armer les gardes-frontières libyens (INTERVIEW VIDEO)

En marge de sa rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères, le maréchal Khalifa Haftar, qui doit sa reconnaissance à ses succès militaires dans l'Est de la Libye, a appelé les Occidentaux à lever l'embargo sur les importations d'armes.

L'homme fort de l'Est libyen continue d'asseoir son autorité sur la scène internationale. Répondant à RT Arabic, le 15 août, le général Khalifa Haftar a rappelé aux Occidentaux leurs responsabilités, afin notamment d'apporter une solution à la crise migratoire. «Les Européens doivent être responsables et relever le défi en équipant les gardes-frontières libyens de manière adéquate», a-t-il expliqué, tout en se montrant très critique face à l'embargo sur les armes imposé à la Libye par les Nations unies depuis février 2011.

Le 12 août dernier, Khalifa Haftar envoyait le même message aux pays de l'Union européenne, estimant à 20 milliards de dollars sur 20 à 25 ans l'effort financier des Européens en échange de la mobilisation de ses troupes contre l'immigration clandestine. «Je contrôle plus des trois quarts du pays. Je possède la main-d’œuvre, mais il me manque les moyens», avait ainsi lancé le général qui doit à ses succès militaires sur le terrain la reconnaissance au plan international de son statut d'interlocuteur important pour la résolution de la crise libyenne. «S'ils [les Européens] veulent bloquer l'immigration illégale, ils devraient assouplir les restrictions concernant les importations d'armes [en Libye]», a une nouvelle fois plaidé le général, en marge de sa rencontre, la veille, avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Lors de cette rencontre, Khalifa Haftar avait demandé à son interlocuteur l'aide militaire de la Russie, afin de tenter de contrôler les flux migratoires venant des côtes libyennes.

«La Russie est un Etat ami pour nous», a-t-il rappelé à l'antenne de RT, ajoutant que ses services avaient transmis des informations complètes à Moscou dans les domaines politique et militaire. «Nous avons décrit à la Russie de manière complète et détaillée ce qui se passait dans notre pays», a-t-il encore souligné, avant d'ajouter : «Nous nous faisons confiance et ne nous cachons rien.»

Revenant ensuite sur les dispositions prises par l'Italie pour contenir le flux de migrants sur son littoral, le général Haftar s'est montré plus critique. «L'Italie a construit une barrière à l'extérieur de ses frontières afin de renvoyer les migrants vers les côtes libyennes», a-t-il déploré, qualifiant cette décision d'«injuste». «Ils veulent concentrer tous les migrants sur la côte libyenne, il serait mieux de s'attaquer à la racine du problème», a-t-il plaidé.

Selon le général, des livraisons d'armes effectuées par l'Italie, via la Tunisie et l'Algérie, tomberaient entre de mauvaises mains : «Cela [...] ne fait que soutenir les terroristes au lieu de les combattre». En cause : la décision de son rival, Fayez al-Sarraj, président du Conseil du gouvernement d'union nationale de Tripoli reconnu par la communauté internationale. Ce dernier avait laissé la marine italienne l'aider à stopper les flux migratoires clandestins, peu après sa rencontre avec Khalifa Haftar, le 25 juillet 2017, sous l'égide d'Emmanuel Macron à la Celle-Saint-Cloud... appel à l'aide qui avait pourtant été démenti par Tripoli.

Les deux hommes forts de la Libye y avaient convenu d'un cessez-le-feu, comme de la mise en place d'un processus électoral, sans toutefois se mettre d'accord sur une date précise. Le président de la République française s'est entretenu le 14 août par téléphone avec le représentant spécial de l'ONU pour la Libye, soulignant, selon l'Elysée, «l'importance de maintenir la dynamique créée» entre les parties libyennes. Une dynamique qui semble déjà s'essouffler.

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