«Le problème des migrants ne se résoudra pas sur nos côtes. S'ils ne partent plus par la mer nous devons les garder chez nous et cela n'est pas possible», a expliqué le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen, dans un entretien au quotidien italien Corriere della Sera du 12 août.
Je contrôle plus des trois quarts du pays. Je possède la main-d’œuvre, mais il me manque les moyens
«Nous devons au contraire travailler ensemble pour bloquer les flux sur 4 000 kilomètres à la frontière désertique libyenne du sud. Mes soldats sont prêts. Je contrôle plus des trois quarts du pays. Je possède la main-d’œuvre, mais il me manque les moyens», poursuit le chef de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL).
«[Le président français] m'a demandé ce dont on a besoin, je suis en train de lui envoyer une liste», précise le maréchal Haftar. Dans la liste figureront «des formations pour les garde-frontières, des munitions, des armes, mais surtout des véhicules blindés, des jeeps pour le sable, des drones, des détecteurs, des lunettes de vision nocturne, des hélicoptères». Le militaire a ajouté qu'il souhaitait installer des campements mobiles de 150 hommes au minimum tous les cent kilomètres.
Un vaste programme qu'il estime à «environ 20 milliards de dollars [soit près de 17 milliards d'euros] sur 20 ou 25 ans pour les pays européens unis dans un effort collectif».
A titre de comparaison, «la Turquie prend six milliards [à Bruxelles] pour contrôler un nombre infiniment inférieur de réfugiés syriens et quelques Irakiens», a-t-il fait remarquer, avant d'ajouter : «Nous, en Libye, nous devons contenir des flux gigantesques de personnes arrivant de toute l'Afrique.»
Un chef militaire qui domine l'Est du pays
Fin juillet, Khalifa Haftar et son rival Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d'union nationale (GNA), se sont mis d'accord sur une déclaration de principes en dix points dans laquelle ils s'engagent notamment à un cessez-le-feu et à organiser des élections le plus rapidement possible, lors d'une rencontre en région parisienne sous l'égide du président français.
Depuis 2011 et la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye est en proie aux violences et encore loin de connaître la stabilité politique, au point que le pays est fracturé en deux zones depuis plus d’un an : l'une contrôlée par le GNA de Fayez al-Sarraj, basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, et l'Est dominé par les forces de Khalifa Haftar, soutenues par l'Egypte et les Emirats arabes unis.