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La Turquie entame la construction d'un mur le long de sa frontière avec l'Iran

Ankara a posé les premières pierres d'un mur qui fermera sa frontière avec Téhéran, invoquant la nécessité de refouler les trafiquants, mais aussi les combattants kurdes. Un édifice semblable avait été construit à la frontière avec la Syrie.

Un mur épais de deux mètres et haut de trois mètres est en cours de construction par la Turquie, le long de sa frontière avec l'Iran.

L'Etat turc justifie notamment l'édification du mur en invoquant l'existence présumée de bases du PKK, groupe armé kurde considéré comme terroriste par la Turquie, du côté iranien de la frontière. En outre, Ankara dit vouloir lutter contre les nombreux trafiquants de drogue et autres contrebandiers transitant par son territoire pour se rendre en Europe. 

La construction du mur n'a pas rencontré d'opposition particulière de l'autre côté de la frontière. En mai, Bahram Qassemi, le porte-parole du ministre iranien des Affaires Etrangères, affirmait que son pays approuverait toute démarche visant à augmenter la sécurité aux frontières. 

«Nous accueillons tout type d'actions renforçant la sécurité et la stabilité à la frontière. Nous sommes en faveur de discussions bilatérales pour développer la coordination à ce sujet», avait-il fait savoir, cité par le quotidien turc le Milliyet. «La sécurité aux frontières est importante pour l'Iran et la Turquie, et les efforts nécessaires doivent être faits par les deux pays», avait-il encore déclaré.

En juin, Ankara annonçait avoir fini la construction d'un autre mur, de 700 kilomètres, le long de la majorité de sa frontière avec la Syrie, qui mesure dans sa totalité 828 kilomètres. L'édifice est équipé d'un dispositif comprenant un système d'éclairage sophistiqué, des capteurs ainsi que des caméras de sécurité.

Les relations entre la Turquie et l'Iran se sont dégradées depuis le début des printemps arabes en 2011 et au cours du conflit en Syrie. Alors que Téhéran apporte son soutien à Bachar el-Assad contre les groupes extrémistes, Ankara a appelé au départ du président syrien.

La Turquie s'inquiète en outre de l'activité de milices chiites soutenues par l'Iran en Syrie, où elles luttent contre l'Etat islamique aux côtés de l'armée syrienne.

Cependant, ces derniers mois, les deux puissances ont adopté une position similaire concernant la crise diplomatique dans le Golfe, dénonçant toutes deux les sanctions visant le Qatar et infligées par l'Arabie Saoudite et ses alliés, qui accusent le petit émirat de soutenir le terrorisme.

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