«Les choix et capacités des hommes et des femmes divergent, en grande partie, en raison de causes biologiques et ces différences peuvent expliquer pourquoi les femmes ne sont pas représentées de manière égale dans l'industrie des hautes technologies et [dans les fonctions de] leadership», affirme un ingénieur de Google de sexe masculin non identifié dans une note interne. Les aptitudes naturelles des hommes les conduisent à devenir programmateurs en informatique, alors que les femmes sont, selon l'auteur, tournées «vers les sentiments et l'esthétique plutôt que vers les idées», les poussant à opter pour des carrières «dans le social ou l'artistique».
«Ce n'est pas un point de vue que l'entreprise et moi-même soutenons, promouvons ou encourageons», a fermement affirmé dans un courriel aux salariés Danielle Brown, responsable diversité du géant de l'internet, recrutée il y a quelques mois de chez Intel et en fonction depuis seulement un mois. Jugeant «incorrectes les hypothèses avancées sur le genre», elle affirme que la diversité et l'inclusion sont une part fondamentale de valeurs et de la culture de l’entreprise. Dans cette missive que s'est procurée l'AFP, Danielle Brown ajoute toutefois que Google a toujours voulu défendre une culture dans laquelle ceux qui ont des points de vue différents, y compris politiques, se sentent en sécurité pour les exprimer.
Sanctions ?
Il était difficile de savoir, dans la soirée du 6 août, si le géant de l'internet prévoyait de prendre des mesures disciplinaires contre l'ingénieur en question.
Ari Balogh, le patron des ingénieurs, a pour sa part dénoncé des «stéréotypes nuisibles». «Un des aspects du message qui m'a le plus profondément troublé est son parti pris sous-jacent qui veut que des hommes ou des femmes ressentent ou agissent d'une certaine façon. Ce sont des stéréotypes préjudiciables», écrit-il dans un courriel interne, également consulté par l'AFP.
Actuellement, 69% des salariés de Google sont des hommes, une proportion qui monte à 80% dans les emplois technologiques, selon les derniers chiffres du groupe. Chez Facebook, les femmes n'étaient que 27% parmi les cadres supérieurs en 2016. Quant à Apple, il compte 37% de femmes au total.
La controverse Google vient s'ajouter à une cascade de scandales et de démissions liés au manque de diversité dans la Silicon Valley.
Travis Kalanick, le co-fondateur d'Uber, a démissionné le 21 juin, après des accusations de sexisme et de harcèlement. Connu pour ses blagues sur ses conquêtes féminines, il était accusé d'avoir lui-même encouragé une culture d'entreprise propice aux dérapages.
Fin juin, c'est l'investisseur («venture capitalist», VC) Justin Caldbeck, qui a quitté son fond d'investissement, Binary Capital, six femmes avaient affirmé avoir reçu des avances alors qu'elles cherchaient à lever des fonds.
Quelques jours plus tard, c'est un autre investisseur du secteur, Dave McClure, qui a avoué avoir «fait des avances à de nombreuses femmes dans des situations professionnelles». Il avait intitulé son texte de mea culpa: «Je suis un tordu».
Il y a trois ans, Ellen Pao devenait le symbole de la lutte contre le sexisme supposé régner à la Silicon Valley en poursuivant pour discrimination son ex-employeur, KPBC, une société de capital-risque. Elle avait perdu son procès.