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Des pêcheurs tunisiens ne veulent pas laisser le navire anti-migrant C-Star accoster en Tunisie

Une association de marins pêcheurs et une ONG tunisienne se mobilisent pour bloquer l'accès du port de Zarzis au C-Star, le chalutier affrété par des militants identitaires qui accusent les ONG de complicité avec les passeurs de migrants.

Des pêcheurs se sont rassemblés le 6 août dans le port de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, pour «dire non» à un éventuel accostage du C-Star, un bateau affrété par des militants identitaires afin de lutter contre l'immigration clandestine vers l'Europe dans le cadre de leur opération «Defend Europe». Ce dernier navigue actuellement vers la Tunisie, après avoir brièvement suivi, la veille au large de la Libye, le bateau d'une ONG en mission de secours, où se trouvait un journaliste de l'AFP.

«Nous sommes en train de suivre ses mouvements sur internet et à 80% il se dirige vers Zarzis», ville proche de la frontière libyenne, a confié à l'AFP le président de l'Association des marins pêcheurs tunisiens, Chamseddine Bourassine. S'il s'approche du port, «nous allons fermer le canal qui sert au ravitaillement. C'est la moindre des choses vu ce qui se passe en Méditerranée, la mort de musulmans et d'Africains» en mer, a-t-il ajouté.

Le 4 août, l'ONG Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) s'est dite opposée à ce que le C-Star «accoste dans les ports tunisiens» et a appelé «le gouvernement à ne pas coopérer avec son équipage raciste et dangereux».

Connivences entre passeurs et ONG

Le C-Star a été affrété par le réseau européen Génération identitaire et en particulier ses antennes française, italienne, autrichienne et allemande. L'objectif de son opération «Defend Europe» («Défendons l'Europe») est d'intercepter et de reconduire vers la Libye les bateaux qui transportent des migrants clandestins.

Les militants identitaires affirment mener en outre une opération dans la zone des secours aux migrants en mer Méditerranée afin de surveiller les bateaux des ONG, qu'ils accusent d'être complices des passeurs et de trafic d'êtres humains vers les pays européens. L'objectif de l'opération est de «montrer le vrai visage des ONG soi-disant humanitaires, leur collaboration avec les mafias de passeurs», avait affirmé Clément Galant, le responsable de l'antenne française de Génération identitaire, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Les autorités italiennes ont récemment apporté de l'eau au moulin des militants identitaires. Le quotidien italien Corriere della Sera a révélé le 4 août qu'un policier italien avait infiltré l'ONG Jugend Rettet, qui se charge officiellement de secourir les naufragés en Méditerranée. Et il a découvert comment ses bénévoles s'organisent en réalité avec les passeurs pour acheminer les migrants à Lampedusa. Au cours de son infiltration, il aurait accumulé des preuves concernant les rapports entretenus par les activistes et les passeurs.

Le 4 août, l'Italie avait adressé un avertissement aux ONG secourant les migrants en Méditerranée, les sommant de se conformer à un «code de conduite». Celui-ci impose notamment la présence à bord de représentants des forces de l’ordre, afin de contrôler le déroulement des opérations de sauvetage.

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