Alors que les Vénézuéliens votaient ce 30 juillet pour désigner les membres de l'Assemblée constituante, plusieurs actes de violence meurtrière ont secoué le pays. Un candidat et un dirigeant de l'opposition ont notamment perdu la vie, tandis que des scènes de guerre avaient lieu dans la capitale, Caracas.
Les journalistes de l'AFP sur place rapportent plusieurs scènes de chaos, au milieu des manifestations. A grands renforts de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc, les policiers ont tenté de disperser plusieurs manifestants qui bloquaient une autoroute de Caracas.
Au passage d'un convoi de motards de la police, quelques rues plus loin, une forte détonation a retenti : quatre policiers au moins ont été blessés. Des épisodes de violence similaires ont été observés dans plusieurs autres localités, dont Maracaibo, la deuxième ville du pays.
En tout, pas moins de neuf personnes sont décédées depuis le 29 juillet, selon le Parquet. L'un des candidats à l'Assemblée constituante, José Felix Pineda, avocat de formation, a été abattu devant chez lui à Ciudad Bolivar, dans le sud-est du pays. L'un des dirigeants d'opposition, Ricardo Campos, a lui aussi été tué par balle durant une manifestation dans l'Etat de Sucre, dans le nord-est du pays. Un militaire, frappé par une balle en pleine tête au cours d'une manifestation dans l'Etat de Tachira, dans l'Ouest, à la frontière colombienne, a perdu la vie. En outre, trois manifestants sont morts dans différentes localités de l'ouest du pays. Deux mineurs de 13 et 17 ans sont également décédés.
Un scrutin délicat pour Maduro, condamné par les Etats-Unis et boycotté par l'opposition
Depuis le mois d'avril, plus de 110 morts sont à déplorer au Venezuela, qui vit actuellement un véritable effondrement économique. Convoquée par Nicolas Maduro, l'Assemblée constituante doit établir un nouveau texte pour le pays. Les Vénézuéliens sont appelés à élire ses 545 membres ce 30 juillet.
«Je suis le premier à voter dans le pays. Je demande aujourd'hui la bénédiction de Dieu pour que le peuple puisse exercer librement son droit de vote démocratique», a déclaré le chef de l'Etat en se rendant au bureau de vote tôt dans la matinée. Selon lui, «l'empereur Donald Trump veut empêcher le peuple d'exercer le droit de vote». En effet, Nicolas Maduro voit derrière les troubles qui agitent la république bolivarienne l'ombre de l'impérialisme américain et de ses tentatives de déstabilisation. Les Etats-Unis ont d'ailleurs officiellement condamné la tenue de ce référendum.
De son côté, l'opposition a choisi de boycotter le vote et n'a présenté aucun candidat, puisqu'elle conteste le principe même de la Constituante. Majoritaire à l'Assemblée nationale, elle voit dans le processus constitutionnel un moyen pour Nicolas Maduro de court-circuiter le Parlement et de passer outre l'élection présidentielle de 2018 pour laquelle il est loin de faire figure de favori. Les antichavistes, dénonçant une «dérive à la cubaine», ont ainsi appelé à dresser des barricades dans tout le pays bien que le gouvernement ait menacé de cinq à dix ans de prison ceux qui feraient obstacle au scrutin.