International

Migrants : l'Italie soutient que la Libye l'appelle à l'aide... démenti cinglant de Tripoli

Rome avait annoncé que la Libye avait sollicité son aide afin de contrôler les embarcations de migrants. Ce 28 juillet, l'une des autorités revendiquant le contrôle de la Libye accuse l'Italie de vouloir minimiser l'accord obtenu à Paris.

L'Italie a-t-elle tenté un coup de bluff ? Le 26 juillet 2017, plusieurs médias ainsi que l'agence Reuters annonçaient que la Libye avait requis le soutien de la marine italienne afin de contenir les migrants. Selon Reuters, le Premier ministre Paolo Gentiloni avait annoncé que le ministère de la Défense italien allait étudier la requête présentée par Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d'union nationale (GNA) libyen, l'une des deux autorités revendiquant le contrôle – très partiel – de la Libye.

Dans un communiqué publié ce 28 juillet 2017 dans des médias libyens cités par le quotidien italien La Repubblica, le GNA dément pourtant avoir fait une telle demande. «La souveraineté de la Libye est une ligne rouge», a ainsi fait savoir l'autorité libyenne du GNA, reconnue par les Nations unies. Celle-ci explique même penser que l'annonce faite par l'Italie, largement reprise par les médias occidentaux, viserait à torpiller l'accord obtenu sous l'égide d'Emmanuel Macron à Paris le 25 juillet dernier.

L'Italie, ancienne puissance tutélaire et longtemps associée à la résolution du conflit libyen, n'avait pas été associée à la rencontre, ce qui a provoqué une levée de boucliers dans la classe politique et médiatique italienne. Rome considère cette éviction comme une humiliation de plus à l'heure où le ton monte entre l'Italie, en première ligne des vagues d'arrivées de migrants sur son sol, et Bruxelles.

Le bras de fer entre Rome et Paris au sujet de la reprise des chantiers navals STX France par l'italien Fincantieri a encore envenimé la situation entre les deux pays. Ce 28 juillet, la presse italienne en était encore à discuter des points de détails de la supposée coopération bilatérale entre l'Italie et la Libye en forme de pied de nez à la France et à l'Union européenne. Dans un emballement médiatique, le quotidien de référence La Repubblica conseillait même, le 28 juillet, au gouvernement italien de laisser la mission d'arraisonnement des embarcations de migrants à la marine libyenne, et de se cantonner à un appui purement logistique. Les navires italiens ne devraient faire usage de la force qu'au cas où ils seraient attaqués, selon les médias.

Quant au Premier ministre italien, il campe sur ses positions. «Ce que nous avons approuvé n'est ni plus ni moins que ce que le gouvernement libyen a demandé», a ainsi maintenu Paolo Gentiloni, réagissant au démenti cinglant du GNA.

S'agira-t-il du camouflet de trop pour Rome ?

Lire aussi : Libye, migrants : l'Italie, traitée comme une «colonie» par Macron, exprime son mal-être