A l'occasion d'une réunion organisée à Kiev le 10 juillet avec Jens Stoltenberg, Petro Porochenko a présenté la visite du secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) en ces termes : «Aujourd'hui, nous avons clairement annoncé que nous allions démarrer une discussion sur un plan d'adhésion et nos propositions pour une discussion de ce type ont été acceptées avec plaisir.»
Il a par ailleurs précisé que l'Ukraine n'entrerait pas immédiatement dans l'Alliance, mais entreprendrait «un programme de réformes», pour remplir les critères nécessaires en vue d'une adhésion future. Il a toutefois assuré aux journalistes que l'Ukraine avait «clairement défini son futur politique et son futur dans la sphère de sécurité».
Quelques jours auparavant, Petro Porochenko, qui dirige l'Ukraine depuis les émeutes d'Euromaïdan et le départ du président Viktor Ianoukovitch en 2014, a écrit sur sa page Facebook : «La course de l'Ukraine pour devenir membre de l'OTAN est désormais considérée comme un point clé dans les priorités de la politique du gouvernement.»
De son côté, Jens Stoltenberg a assuré la solidarité de l'OTAN avec l'Ukraine dans ses efforts pour faire face aux «actions agressives» de la Russie. «L'Otan et les alliés de l'OTAN soutiennent l'Ukraine et sont de votre côté», a-t-il ainsi déclaré en début de réunion. Le secrétaire général s'est aussi dit favorable au maintient des sanctions contre la Russie : «Ce n’est pas à l'OTAN de décider de la question des sanctions économiques contre la Russie, pourtant ce sont des pays membres de l'Alliance qui adoptent des sanctions contre Moscou. Je crois que ces sanctions doivent être maintenues jusqu'à ce que la Russie change son attitude vis à vis des accords de Minsk», a-t-il précisé.
La venue de Jens Stoltenberg intervient au lendemain de la visite à Kiev du secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, qui a appelé la «Russie à faire le premier pas en faveur de la désescalade», dans l'est de l'Ukraine. A l'occasion d'une rencontre entre Petro Porochenko et Donald Trump à Washington, le 20 juin dernier, les Etats-unis avaient annoncé un durcissement des sanctions à l'encontre de la Russie en raison de l'affaire Ukrainienne. «Nous sommes convaincus que nous avons raison... Nous continuerons notre chemin avec résolution et constance», avait déclaré en guise de réponse le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabko.
Une adhésion à l'OTAN loin d'être assurée
Les critères d'adhésion d'un pays à l'Alliance sont très stricts et sont loin d'être tous remplis par l'Ukraine. Toute nouvelle adhésion doit en outre être acceptée à l'unanimité des 29 Etats membres.
Autre écueil de taille : le pays prétendant doit réformer son armée pour entrer dans les standards de l'OTAN, assurer l'Etat de droit et stopper la corruption. Ce dernier point est un obstacle de taille à surmonter pour le pays. Un rapport de la Cour des comptes européenne a récemment dressé un état des lieux préoccupant pour le pays : «Malgré des efforts de réforme, l'Ukraine est toujours perçue comme le pays le plus corrompu d'Europe [...] les clans oligarchiques continuent d'exercer une influence sur l'économie ukrainienne, sur ses politiques et sur ses médias», pouvait-on lire dans ce rapport.
Plus de 10 000 personnes, civils et militaires des deux camps, ont trouvé la mort depuis le déclenchement du conflit entre les forces de Kiev et les rebelles en 2014. Le 31 janvier, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait demandé au gouvernement de Kiev de «cesser immédiatement la provocation armée dans le Donbass», et avait appelé au respect des accords de Minsk.