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Mossoul : enthousiasme modéré en raison des pertes civiles, la guerre contre Daesh loin d'être finie

Si la libération de Mossoul est une vraie victoire symbolique, elle ne signe pas la fin de la guerre contre l'Etat islamique. Par ailleurs, les combats ont fait de nombreuses victimes civiles, des milliers de réfugiés et laissé la ville en ruine.

Ce 9 juillet restera sans doute comme une date charnière dans la guerre contre l'Etat islamique (EI) : le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a proclamé la libération de Mossoul en début d'après-midi, après une longue bataille de neufs mois opposant les djihadistes aux forces armées irakiennes. Tombée aux mains des islamistes il y a trois ans, Mossoul était devenue un symbole de leur pouvoir. Le chef de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, avait proclamé le califat depuis la mosquée de la ville. 

La reconquête de la deuxième ville d'Irak, dont l'EI avait fait son principal bastion dans le pays, est la plus importante victoire de Bagdad face aux djihadistes depuis que le groupe extrémiste sunnite s'était emparé en 2014 de vastes portions du territoire. Haider al-Abadi a publiquement félicité «le peuple irakien pour cette victoire majeure, ainsi que les combattants héroïques» (de l'armée irakienne), soutenus par la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.

Néanmoins, la situation ne semble pas encore tout à fait stabilisée localement. Lors d'une réunion au quartier général de la police fédérale, dans l'ouest de Mossoul, le Premier ministre a ordonné «d'éliminer les derniers djihadistes défaits, d'établir la sécurité et la stabilité dans la ville libérée et de la débarrasser des mines et explosifs». Plusieurs journalistes rapportent en outre avoir encore entendu des tirs et des frappes aériennes dans la journée.

Une étape décisive saluée à l'étranger

Sans attendre, de nombreuses voix se sont élevées pour saluer la libération de la ville irakienne. Emmanuel Macron s'est réjoui d'une «étape majeure» avant des «défis immenses». Il a également félicité les troupes françaises engagées au sein de la coalition contre l'Etat islamique. «Les pensées de la France vont aujourd’hui vers tous ceux qui, en Irak, ont fait le sacrifice de leur vie pour défendre la liberté face à l’horreur terroriste : membres des forces de sécurité irakiennes, Peshmerga, volontaires», a-t-il ajouté.

«La reprise de Mossoul des mains de Daesh marque une étape décisive dans la campagne pour l'élimination du contrôle terroriste de certaines zones en Irak et pour la libération de son peuple», a déclaré le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini. 

De manière plus cocasse, Bernard-Henri Lévy a salué à sa manière la libération de Mossoul, en paraphrasant la célèbre déclaration du général de Gaule lors de la libération de Paris à l'été 1944. Il s'est immédiatement attiré les foudres et les railleries de très nombreux internautes, qui lui reprochent de s'approprier les mérites d'une victoire à laquelle il est parfaitement étranger, de même que son ton triomphaliste.

Un avenir encore incertain, un bilan très lourd

La libération de Mossoul est loin de marquer la fin des combats et ne présage en rien de la chute de l'EI. «Daesh a encore largement de quoi se battre», a estimé le général américain Robert Sofge. «La libération de Mossoul va susciter une réaction» chez les djihadistes, assure-t-il. Ces derniers contrôlent encore de vastes régions du territoire irakien et conservent de nombreux territoires en Syrie. Le problème du terrorisme international est donc encore loin d'être résolu.

De plus, les neuf mois de campagne militaire ont entraîné une crise humanitaire majeure, marquée par la fuite de près d'un million de civils selon l'ONU, dont 700 000 vivent toujours déplacés. Les civils piégés dans la ville de Mossoul ont quant à eux vécu dans des conditions «terribles», subissant pénuries en tous genres, bombardements et intenses combats. Selon les Nations unies, ils ont même servi de «boucliers humains».

Les combats ont également été marqués par des bavures : les Etats-Unis ont par exemple décidé de recourir au phosphore blanc, ce qui avait suscité l'inquiétude de plusieurs ONG. Enfin, la ville de Mossoul, et plus particulièrement la vieille ville historique, ne sont plus qu'un vaste champ de ruines.

La crise humanitaire s'annonce, elle aussi, loin d'être résolue. Le 8 juillet, de très nombreux civils, libérés par l'avancée des forces irakiennes continuaient d'arriver dans les quartiers périphériques de Mossoul pour y être accueillis, nourris et, le cas échéant, soignés avant d'être redirigés vers des camps. Selon le général Sofge, après avoir rasé leurs barbes et changé de vêtements, des djihadistes chercheraient à se fondre parmi ces réfugiés. 

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