Une phrase choc de l'un des plus importants dignitaires algériens suscite un véritable tollé depuis le 8 juillet dernier. Invité à donner son avis sur les migrants sur le plateau de la chaîne privée Ennahar, Ahmed Ouyahia, chef de cabinet du président algérien Abdelaziz Bouteflika, a lâché : «Ces étrangers en séjour irrégulier amènent le crime, la drogue et plusieurs autres fléaux.»
Celui qui est également ministre d'Etat a poursuivi : «Ces gens-là sont venus de manière illégale [...] On ne dit pas aux autorités "jetez ces migrants à la mer ou au-delà des déserts", mais le séjour en Algérie doit obéir à des règles.»
Immédiatement, ces propos ont suscité l'indignation de plusieurs associations. Le secrétaire général de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), Abdelmoumene Khelil, a fustigé des déclarations qui «viennent torpiller le discours équilibré du nouveau Premier ministre sur le sujet», dans une déclaration à l'AFP. En effet, le gouvernement du nouveau Premier ministre Abdelmajid Tebboune, issu des législatives de mai dernier, avait fait part de son intention d'élaborer une loi sur le droit d'asile en Algérie, qui ne dispose pas de législation sur les réfugiés mais a signé les principales conventions internationales.
«De tels propos alimentent le racisme et favorisent la discrimination et le rejet de ces personnes qui ont fui les guerres, la violence et la pauvreté», souligne de son côté l'ONG Amnesty International. «Il est de notre responsabilité de les accueillir, conformément aux textes internationaux signés et ratifiés par l'Algérie», écrit-elle dans un communiqué.
L'Algérie a été secouée fin juin par une campagne visant les migrants subsahariens sur les réseaux sociaux, où a fleuri un hashtag en arabe signifiant «Non aux Africains en Algérie», qui avait suscité une vive opposition sur internet et dans la presse.