Le ministre turc de la Défense Fikri Isik a salué ce 23 juin comme une «avancée positive» l'annonce des Etats-Unis selon laquelle les milices kurdes devraient rendre les armes qui leur ont été livrées une fois les opérations militaires dans la région syrienne de Raqqa terminées. Il a toutefois averti qu'en cas de menace de la part des YPG, «les Unités de protection du peuple» (milices kurdes), l'armée turque n'hésiterait pas à répliquer.
Le 9 mai, les Etats-Unis avaient annoncé qu'ils allaient armer les YPG pour les soutenir dans la lutte contre Daesh et notamment dans le cadre de la reconquête de Raqqa, dans le nord-est de la Syrie. Les Kurdes du pays ont profité du retrait de l'armée syrienne régulière du nord du pays depuis 2011 pour y établir une administration locale. Les YPG sont leur principale milice armée. Ils forment le noyau dur des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par la coalition internationale conduite par les Etats-Unis. Ils contrôlent 20% du territoire syrien, où vivent 2 millions d'habitants (15% de la population), et les trois quarts de la frontière syro-turque.
La décision de l'administration Trump de livrer des armes aux kurdes des YPG, fer de lance des FDS, avait fortement contrarié la Turquie, traditionnellement opposée à l'émergence d'un Kurdistan. Et pour cause, le Parti des travailleurs kurdes (PKK), à l'origine de nombreux attentats terroristes en Turquie, donne du fil à retordre depuis des années à Ankara.
La Turquie tient à l'œil les combattants kurdes en Syrie
La perspective d'un Kurdistan indépendant, à cheval sur la Turquie, la Syrie et l'Irak, est hors de question pour Ankara. La montée en puissance des forces kurdes reste l'un des principaux sujets de discorde entre les Etats-Unis et la Turquie, pourtant membre de l'OTAN. A l'annonce de la livraison d'armes aux rebelles kurdes, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait ainsi prévenu que ses forces armées n'hésiteraient pas à répliquer si elle se sentaient menacées.
Le vice-Premier ministre turc Nurettin Canikli avait déclaré pour sa part que la Turquie espérait que les Etats-Unis mettraient fin à leur politique de soutien aux milices kurdes. «Nous ne pouvons pas accepter la présence d'organisations terroristes qui menaceraient le futur de la Turquie… Nous espérons que l’administration américaine mettra fin à ce mal et fera machine arrière. Une telle politique ne peut être positive», avait-il alors mis en garde. En dépit des efforts diplomatiques, la situation, très confuse, dans le nord-est de la Syrie reste donc explosive, en raison du nombre de belligérants en présence.
Le 6 juin dernier les FDS sont entrées dans Raqqa, principal bastion de Daesh en Syrie, amorçant «la grande bataille» pour prendre la ville aux terroristes.