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Erdogan fustige Washington après les mandats d'arrêt lancé contre ses gardes du corps

Le président turc a sévèrement condamné les mandats d'arrêt émis par Washington contre 12 de ses gardes, accusés d'être impliqués dans de violents heurts avec des manifestants pro-kurdes en marge d'une visite du dirigeant turc aux Etats-Unis en mai.

Des affrontements entre plusieurs des gardes du corps du dirigeant turc et des manifestants kurdes s'étaient produits le 16 mai dernier à Washington, après un entretien entre Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Donald Trump. La rixe avait fait au moins neuf blessés, dont un policier, et beaucoup choqué l'opinion publique aux Etats-Unis. 

En conséquence de cet incident, les autorités américaines ont annoncé le 15 juin avoir émis des mandats d'arrêt à l'encontre de 12 agents de sécurité du président Erdogan, identifiés, selon le chef de la police de Washington, à l'aide de vidéos.

Les autorités américaines ont par ailleurs procédé à l'arrestation la veille, le 14 juin, de deux ressortissants turcs vivant aux Etats-Unis, portant à quatre le nombre des arrestations dans cette affaire.

«C’est Hans et Georges qui vont me protéger ?»

«Nous nous battrons sur le plan politique et juridique», a répliqué Recep Tayyip Erdogan dans un discours retransmis à la télévision.

«Alors que des groupes terroristes manifestaient à 50 mètres de moi, la police américaine n'a rien fait», a-t-il tonné.

«Ils ont incarcéré deux de nos concitoyens. Comment ce genre de choses est-il possible ? Et ils ont émis des mandats d’arrêt à l'encontre de 12 de mes gardes. Quel type de législation est-ce ? Quel type de droit ?», s'est agacé le chef d'Etat turc. 

«Si ce n’est pour me protéger, pourquoi est-ce que j’emmènerais mes gardes avec moi aux Etats-Unis ? Qui va me protéger, Hans et Georges ?», a-t-il poursuivi, recourant à deux prénoms qu'il utilise régulièrement pour fustiger l'Occident.

Rien d'illégal pour Washington

Le porte-parole du département d'Etat américain a pour sa part déclaré aux journalistes que le droit international permettait aux membres de l'entourage d'un chef d'Etat en visite de bénéficier d'une immunité, qu'il perdent cependant une fois qu'ils ont quitté le territoire américain.

«S'ils [les agents de sécurité turcs] devaient revenir aux Etats-Unis, ils seraient sous le coup d'un mandat d'arrêt», a déclaré la porte-parole Heather Nauert, lisant un communiqué publié plus tôt par le secrétaire d'Etat Rex Tillerson.

«Les accusations déposées contre 12 agents de sécurité turcs envoient un message clair que les Etats-Unis ne tolèrent pas les individus qui utilisent l'intimidation et la violence pour étouffer la liberté d'expression et l'expression politique légitime», a fait savoir Heather Nauert.

«Le département d'Etat continuera de travailler avec les autorités chargées de l'application de la loi et les autorités compétentes à propos de cet incident. Il déterminera ensuite si des mesures supplémentaires devront être prises [à l'encontre des agents turcs]», a-t-elle ajouté.

La Turquie est en conflit ouvert avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui revendique l'autonomie de cette région et qui est classé «organisation terroriste» par Ankara, mais aussi Washington et Bruxelles. Ce conflit a fait plus de 40 000 morts depuis 1984 et a valu à la Turquie de nombreuses accusations de violations des droits de l'homme de plusieurs organisations humanitaires et des Nations unies.

Cet épisode est le dernier en date d'une longue liste de sujets de discorde entre la Turquie et les Etats-Unis. Les relations entre ces deux pays, alliés au sein de l'OTAN, se sont fortement détériorées ces derniers mois, notamment en raison du soutien américain aux milices kurdes de Syrie, que la Turquie considère comme «terroristes».

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