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Poutine : «Même dans l'OTAN, la Russie aurait toujours eu son mot à dire»

Interviewé par Oliver Stone, Vladimir Poutine révèle qu'il avait proposé à Bill Clinton dans les années 1990 de faire entrer la Russie dans l'OTAN, ce qui avait valu des sueurs froides à l'administration américaine.

Dans la première partie de la série d'interviews données par Vladimir Poutine au réalisateur américain Oliver Stone, diffusée le 12 juin sur la chaîne payante américaine Showtime, le président russe fait des confidences surprenantes sur l'OTAN et les relations qu'entretient l'alliance transatlantique avec Moscou.

Vladimir Poutine confie notamment qu'il avait posé une question déroutante à Bill Clinton à l'occasion d'une visite du président américain dans la capitale russe : «Et si l'on examinait la possibilité que la Russie rejoigne l'OTAN ?» Ce à quoi le chef d'Etat américain avait répondu d'un laconique : «Eh bien, je ne suis pas contre.»

Pourtant Vladimir Poutine note que cette proposition avait rendu la délégation américaine «très nerveuse». «Comprenez-vous pourquoi nos partenaires sont devenus nerveux ? Parce que si la Russie rejoignait l'OTAN, elle aurait toujours eu son mot à dire. Nous ne permettrons pas qu'on nous manipule, mais nos partenaires américains ne supportent pas un seul instant cette idée», assure-t-il au cinéaste américain.

L'erreur «manifeste» de Gorbatchev

Le président russe revient également sur la période qui a suivi la réunification de l'Allemagne et le retrait des troupes soviétiques d'Europe de l'Est.

«Les responsables américains et le secrétaire général de l'OTAN ont affirmé que l'Union soviétique pouvait être certaine que la frontière orientale de l'OTAN n'avancerait pas au-delà de la frontière orientale de la République démocratique allemande», assure Vladimir Poutine, soulignant toutefois que cet engagement «n'a pas été couché sur le papier».

«C'était une erreur manifeste de la part de Gorbatchev. En politique, on doit tout fixer sur le papier, même si les accords écrits sont souvent violés. Or, il n'a fait qu'en débattre et a décidé que c'était un fait acquis, ce qui ne correspondait pas à la réalité», fait remarquer le chef d'Etat, sourire en coin.

Le président russe rappelle enfin qu'après la dissolution de l'Union soviétique et le changement de système politique, l'ouverture de Moscou envers ses partenaires était si grande qu'elle s'étendait même à ses forces nucléaires : «Nous n'avions presque plus de secrets.»

Le programme, en quatre parties, sera également diffusé sur France 3 les 26, 28 et 29 juin. Vladimir Poutine n'a pour sa part pas encore vu le documentaire, qui sera diffusé la semaine prochaine en Russie.

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