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Un Pakistanais condamné à mort pour blasphème... sur Facebook

Un musulman chiite a été condamné à mort pour blasphème sur Facebook. Il s’agit d’une première condamnation de ce type fondée sur des accusations en provenance du réseau social.

Le juge Shabbir Ahmad Awan a rendu son verdict le 10 juin à Bahawalpur, à quelque 600 kilomètres au sud d'Islamabad, considérant Taimoor Raza coupable d'avoir insulté le prophète Mahomet et le condamnant à mort. En vertu des strictes lois pakistanaises, toute personne accusée d’avoir insulté l’islam risque d’être  condamnée à mort.

Taimoor Raza a été arrêté l’année dernière par des forces locales antiterroristes après avoir montré du matériel offensant sur son téléphone portable à des gens à un arrêt de bus, selon le procureur gouvernemental Shafiq Querishi cité par l’agence de presse AP. D’après lui, Taimoor Raza avait également posté des contenus blasphématoires sur sa page Facebook.

L'avocat de la défense, Rana Fida Hussain, a confié de son côté à l’AFP que Taimoor Raza s'était querellé sur Facebook au sujet de l'islam avec une personne qui s'était avérée être un membre du ministère pakistanais anti-terroriste. Le responsable en question avait porté plainte contre Taimoor Raza en se basant sur les commentaires qu'il avait publiés sur le réseau social. L'avocat a estimé que son client était innocent et qu'il ferait appel.

Le blasphème est un sujet extrêmement sensible au Pakistan, pays musulman conservateur, où même des accusations non prouvées peuvent enflammer la population, entraînant des actes de lynchage ou d'autres phénomènes de violence.

Ainsi, un garçon âgé de dix ans a été tué et cinq autres personnes blessées, le mois dernier, lors de l'attaque d'un commissariat de police par une foule en colère qui voulait lyncher un Hindou accusé de blasphème. Celui-ci aurait publié une image considérée comme offensante sur WhatsApp.

Et en avril dernier, Mashal Khan, étudiant, avait été battu à mort par d’autres étudiants sur un campus après avoir été accusé d'être en possession d'images blasphématoires. Ce dernier a été entièrement déshabillé et battu si violement que son crâne a été enfoncé.

En mars 2017, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif avait émis un ordre pour supprimer le contenu blasphématoire. Il avait en outre prévenu que toute personne qui posterait de tels contenus, ferait face à une sévère punition.

Au moins  65 personnes ont été tuées au Pakistan après avoir été accusées de blasphème depuis 1990, selon un rapport du Centre pakistanais sur la recherche et les études sur la sécurité.

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