Selon le quotidien pakistanais Express Tribune, le procureur Syed Anees Shah aurait proposé à une quarantaine de membres de la communauté chrétienne, largement minoritaire au Pakistan, d'être graciés des meurtres dont ils sont accusés s'ils acceptaient de se convertir à l'islam.
Les hommes, qui sont au moins 42 d'après le quotidien, sont accusés d'avoir lynché à mort deux individus soupçonnés d'être liés à un attentat suicide perpétré contre une église du quartier chrétien de Youhanabad, à Lahore, le 15 mars 2015. L'attaque, survenue en pleine messe du dimanche avait fait 14 morts et 75 blessés. Suite à l'attentat, de violentes manifestations avaient éclaté dans le quartier.
Interrogé par les journalistes, le juge a nié avoir proposé cet étrange arrangement. Mais Joseph Franci, un militant des droits de l'homme proche de l'affaire, a confirmé les propos de ce dernier, s'appuyant sur un enregistrement vidéo. «Il leur dit que s'ils se convertissent à l'islam, l’acquittement leur sera garanti», a-t-il soutenu, dans des propos relayés par l'Express Tribune. Selon lui, les accusés sont restés silencieux devant cette proposition, hormis un homme qui aurait déclaré qu'il préférait «être pendu» plutôt que de se convertir.
L'avocat des accusés, Naseeb Anjum, a quant à lui expliqué à l'Express Tribune que l'offre du juge n'était en fait pas nouvelle et daterait de six mois. Pour lui, elle constitue un véritable chantage, inadmissible aux yeux de la justice.
Lahore est la capitale culturelle du Pakistan. Avec ses 7 millions d'habitants, elle est aussi la deuxième ville du pays après la capitale politique, Karachi. Au Pakistan, la religion musulmane est ultra-majoritaire. Les chrétiens n'y représentent que 1,6% de la population.