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Migrants : le pape et le président italien Mattarella prônent une «coopération internationale»

Lors d'une rencontre à Rome, le chef d'Etat italien Sergio Mattarella et le pape François se sont accordés pour exiger une action conjointe de la communauté internationale face à la crise migratoire, qui frappe de plein fouet l'Italie.

Le président italien Sergio Mattarella recevait le 10 juin le pape François au palais du Quirinal, à Rome. L'entrevue entre le chef d'Etat italien et l'évêque de Rome, très médiatisée, leur a permis d'aborder les principaux enjeux politiques actuels, et notamment celui de l'immigration. 

Le pape François a estimé que «les nations isolées» ne pouvaient prendre intégralement en charge la question migratoire tout en assurant la bonne intégration des nouveaux arrivant dans le tissu social. Il a qualifié d'«indispensable et urgent» le développement d'une «coopération internationale active et approfondie» à ce sujet, faisant sienne la ligne défendue par le gouvernement italien depuis le début de la crise migratoire, qui assure ne plus pouvoir faire face seul à l'afflux exceptionnel de migrants traversant la mer Méditerranée depuis l'automne 2015.

Au diapason avec le Saint-Père, Segio Mattarella a ainsi lancé un appel à la communauté internationale. «Il faut un engagement commun à la fois des pays d'arrivée mais également des pays de départ», a-t-il insisté, en appelant explicitement à l'action de l'Union européenne. Celle-ci a mis en place des quotas de demandeurs d'asile que chaque Etat membre est supposé accueillir – mais ces objectifs n'ont jusque là pas été respectés. 

Fait relativement rare, le pape s'est également permis d'aborder la situation économique et sociale de l'Italie, à la veille du premier tour d'élections municipales majeures dans la péninsule, tout en prenant soin de préciser qu'il s'adressait «à toutes les personnes exerçant des responsabilités politiques et administratives» – et donc non pas uniquement aux membres du Parti démocrate (PD) du Premier ministre Paolo Gentiloni. Il les a pressés d'«agir de manière réelle afin que prévalent les conditions de l'égalité et donc de stabilité sociale et de paix», insistant particulièrement sur le sort des jeunes Italiens.

Les deux hommes ont également évoqué la question climatique, au centre de l'actualité internationale depuis la décision prise par Donald Trump de désengager les Etats-Unis de l'accord de Paris. «C'est un paradoxe de notre temps que la croissance économique soit à la fois nécessaire et pourtant source de grandes catastrophes et de phénomènes incontrôlables, comme le réchauffement climatique, lorsqu'elle est poursuivie avec avidité», a déclaré Sergio Mattarella. Le président italien a d'ailleurs profité de l'occasion pour saluer la «profonde médiation» livrée par le pape dans son encyclique Laudato si, publiée en 2015 et affichant une position critique vis-à-vis de la croissance économique.

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