Les journalistes du Washington Post et de The Intercept ont révélé le 23 mai le contenu d'une conversation téléphonique qui a eu lieu fin avril entre Donald Trump et son homologue philippin Rodrigo Duterte. On y apprend notamment que le président des Etats-Unis n'exclurait pas l'usage de la force contre Kim Jong-un, le dirigeant de la Corée du Nord.
La transcription de leur conversation a été authentifiée par un haut responsable de l'administration américaine ainsi que par plusieurs sources officielles philippines selon le Washington Post. Le texte révèle que Donald Trump a félicité Rodrigo Duterte pour son «incroyable travail face au problème de la drogue», saluant sa politique très controversée de lutte contre les trafiquants dans son pays dès les premières minutes de leur entretien.
Le sujet de la Corée du Nord a ensuite rapidement été abordé par les deux présidents. Plus précisément, c'est la personnalité de Kim Jong-un qui intéressait les deux hommes. «Que pensez-vous de lui, Rodrigo ? Est-il stable ou instable ?», a demandé Donald Trump. «Il n'est pas stable, monsieur le président», a alors répondu Rodrigo Duterte, ajoutant : «Il n'arrête pas de sourire, même lorsqu'il lance un missile.»
«[Kim Jong-un] s'en est même pris à la Chine, qui est pourtant le dernier pays envers lequel il devrait se montrer agressif», a poursuivi le président philippin. «Mais on voit ce sourire permanent alors même qu'il a entre les mains un dangereux jouet qui pourrait causer de terribles souffrances et dommages à toute l'humanité», s'est-il inquiété.
«Tant que ces missiles et ces armes sont entre les mains de Kim Jong-un, nous ne serons pas en sécurité», a également ajouté Rodrigo Duterte, n'hésitant pas à qualifier le dirigeant nord-coréen de «fou». «Nous avons tous peur», a-t-il fait savoir à Donald Trump.
«Xi Jinping est un gars bien»
Néanmoins, s'il a fait part de ses inquiétudes, Rodrigo Duterte a encouragé Donald Trump a envisager le dossier nord-coréen avec grande prudence. «C'est un problème très délicat», a-t-il expliqué, insistant notamment sur le rôle que devrait, selon lui, jouer la Chine dans toute éventuelle résolution de la crise. «La Chine est la clef», a-t-il ainsi déclaré.
«A la fin, tout doit se jouer avec la Chine et seulement avec la Chine», a insisté le président philippin. Ce dernier s'est même proposé d'appeler personnellement Xi Jinping, le président chinois. «Vous pouvez lui dire que je compte sur lui», a répondu Donald Trump, précisant qu'il entretenait «une excellente relation» avec le dirigeant chinois. «C'est un gars bien», a-t-il ajouté.
Concernant le rôle que pourrait jouer la Chine dans le dossier nord-coréen, Donald Trump a dit «espérer» qu'elle puisse «régler le problème». «[Les Chinois] en ont réellement les moyens, car un grand nombre de biens transitent par la Chine», a-t-il fait remarquer.
Peu de temps après cet entretien, la Corée du Nord a procédé le 14 mai au lancement d'un nouveau type de missile, qui a parcouru environ 700 kilomètres. Le 21 mai, des responsables américains ont annoncé que Pyongyang avait procédé à un nouveau tir de missile balistique de moyenne portée qui a terminé sa course à proximité des eaux territoriales japonaises – un nouvel essai jugé inquiétant par Rex Tillerson.