«Nous avons eu une proposition sur laquelle nous travaillons pour l'instant avec la Russie. Je ne dévoilerai pas les détails, mais mon sentiment est que les Russes sont aussi enthousiastes que nous [à l'idée de mener] des opérations de déconfliction et d'assurer que nous puissions continuer à mener la campagne contre Daesh», a déclaré le chef d’Etat-Major des armées des Etats-Unis, Joseph Dunford, le 19 mai au Pentagone, rapporte la chaîne d'actualité CNN. La déconfliction renvoie à l’ensemble des mesures prises pour éviter les accidents entre plusieurs forces présentes sur le terrain.
Le haut responsable militaire a expliqué que les négociations visaient notamment à éviter les incidents et à permettre aux forces russes et américaines d'opérer à proximité les unes des autres en Syrie.
Si la loi des Etats-Unis interdit à l'armée américaine de se coordonner directement avec les forces russes, comme le rappelle CNN, de récentes tensions entre Washington et Moscou ont poussé les deux interlocuteurs à chercher l'apaisement en Syrie.
En effet, le 18 mai, le ton était monté d'un cran lorsque les Etats-Unis avaient annoncé avoir bombardé une milice pro-gouvernementale syrienne, dont le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, avait par la suite déclaré qu'il s'agissait de milices «dirigées par l'Iran». Il avait qualifié la frappe de mesure d'«auto-défense».
Moscou avait, de son côté, dénoncé une violation de la souveraineté syrienne et déploré que Washington ne concentre pas ses efforts sur les groupes terroristes comme Daesh ou le Front Fatah Al-Cham (ancien Front Al-Nosra, depuis qu'il a rompu avec Al-Qaïda). Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov avait mis en garde : «Toutes les actions militaires aggravant la situation en Syrie affectent le processus politique.»
Il avait également déclaré, le 19 mai, que cette action avait ciblé les «forces armées syriennes». De même, un responsable de la Défense syrienne cité par la télévision publique du pays avait affirmé le même jour que la frappe avait touché une position de l’armée syrienne.
Les Etats-Unis prêts à se focaliser sur Daesh ?
Cette annonce américaine d'un possible projet de coopération entre les Etats-Unis et la Russie dans la lutte contre l'Etat islamique survient alors que l'administration Trump manifeste sa volonté de passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre Daesh.
James Mattis a en effet déclaré le 19 mai que la Maison Blanche allait lancer une «campagne d'annihilation» des djihadistes dans la zone de guerre irako-syrienne.
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