Accusé d'avoir favorisé l'élection de Donald Trump, Facebook avait promis d'intervenir dans les contenus politiques publiés par ses utilisateurs, dans le cadre de la lutte supposée contre les «fake news» et les articles viraux, en révisant ses algorithmes de référencement. Mais le géant des réseaux sociaux va maintenant plus loin, s'appuyant sur ses règles d'utilisation draconiennes, au risque de censurer de «vraies infos».
Un membre du consortium international des journalistes enquêtant sur les Panama Papers a vu son compte Facebook bloqué. Pourtant auréolé d'un prix Pulitzer, reconnu par ses pairs, Matthew Caruana Galizia aurait violé les règles d'utilisation du réseau social en postant des extraits de documents qui avaient fuités et qui mettaient en cause le Premier ministre de Malte, Joseph Muscat. Ce dernier avait déjà déclaré le 10 mai dernier son intention de poursuivre en justice le journaliste, comme le rapporte Reporters sans frontières (RSF).
Le 7 mai 2017, le journaliste blogueur débutait la publication de posts sur sa page Facebook, assortis du hashtag #CorruptionFacts. Selon les documents panaméens à l'origine du scandale planétaire, Joseph Muscat, ainsi que son directeur de cabinet et le ministre de l'Energie maltais, auraient mis en place avec l'aide du cabinet Mossack Fonseca des sociétés écrans basées au Panama.
Les Panama Papers, une enquête d'utilité publique
Les 11,5 millions de documents confidentiels, produits entre 1977 et 2015 par la firme panaméenne spécialisée dans l'optimisation fiscale et transmis en 2015 par un lanceur d'alerte anonyme au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, continuent à livrer leurs informations. D'un volume considérable, plusieurs téraoctets, les documents exploités ont lancé une vague de scandales dans de nombreux pays. En Islande, la publication de ces Panama Papers avaient provoqué des élections anticipées en octobre 2016, après la démission du Premier ministre du pays, Sigmundur David Gunnlaugsson, impliqué dans un système d'évasion fiscale.
De nombreuses personnalités du monde politique, mais aussi du sport, ont aussi été mises en cause. En plus du Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson, du roi d’Arabie saoudite Salmane Al-Saoud, ou des présidents ukrainien, Petro Porochenko, et argentin, Mauricio Macri, et même celui de l'ex-ministre français du Budget, Jérôme Cahuzac, ont été éclaboussés par le scandale.
En 2013, comme le rapportait Le Monde, le secteur bancaire de cette petite île méditerranéenne était le deuxième plus important en Europe en regard de son produit intérieur brut (PIB), derrière le Luxembourg. Le système fiscal, très accommodant pour les non-résidents soucieux d'échapper à l'impôt dans leur pays, a permis de drainer massivement des dépôts bancaires. Notamment à la suite de l'entrée de Malte dans l'Union européenne en 2004, laquelle lui a permis de bénéficier de la libre circulation des capitaux.
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