Une puissante explosion a frappé le 15 avril plusieurs bus remplis de civils qui quittaient les villes et villages occupés par les rebelles près d'Alep, tuant plus de 100 personnes, dont des dizaines d'enfants et en en blessant encore davantage.
Suite à l'attaque, Vanessa Beeley du site 21st Century Wire, a recueilli les témoignages de survivants de l'attaque. Ceux-ci ont raconté que les terroristes avaient tout fait pour que le bilan humain soit le plus lourd possible. Les vidéos exclusives qu'elle a fournies à RT livrent de nouveaux éclairages sur le drame.
«Peu de temps avant l'explosion, une voiture louche s'est approchée du point de contrôle tenu par les militants. Leurs occupants ont annoncé qu'ils apportaient des friandises pour les enfants», raconte le chauffeur d'un des bus du convoi.
«Puis ils sont sortis de la voiture et ont commencé à crier : «Qui a des enfants ? Qui a des enfants ?»
Le conducteur a confié que les militants savaient à coup sûr que les enfants, après un long siège de plusieurs semaines, n'avaient pas vu de biscuits ou de chips «depuis très longtemps». «Les gens étaient coincés dans les bus pendant 48 heures, car les rebelles ne les laissaient pas sortir», a-t-il ajouté. Une femme a dit qu'elle et ses compagnons d'infortune étaient détenus dans les bus «comme des prisonniers», ajoutant qu'ils n'ont été autorisés à sortir et à s'étirer que 10 minutes avant l'explosion.
Beaucoup de gens, y compris de nombreux enfants, sont sortis des bus et se sont approchés de la voiture, quand l'explosion a retenti.
L'un des survivants se rappelle avoir vu les djihadistes «jeter des chips là où aller se produire l'explosion». L'un des terroristes a lancé que c'était de la nourriture «pour les infidèles».
Le chauffeur s’est souvenu qu’il y avait «Ahrar al-Cham, le front al-Nosra, et certaines factions de l’Armée syrienne libre...»
Selon un autre témoin, les combattants d’Ahrar al-Cham ne cachaient pas leur visage, tandis que les combattants du front al-Nosra étaient sans cesse masqués. «On ne voyait que leurs yeux», raconte l’un des témoins.
Il y avait beaucoup d’étrangers parmi les terroristes : «des Ouzbeks, des Turcs, des Tchétchènes, des Saoudiens et des Qataris. On pouvait les reconnaître par leur apparence et leur langage», ajoute un autre civil évacué.
«Lorsque la voiture a explosé, les gens se sont précipités dans les bois, mais les combattants les ont encerclés et les ont forcés à revenir vers les bus», explique un autre chauffeur.
Une femme se rappelle : «Les combattants nous ont dit que les terroristes d’un autre groupe tiraient sur nos bus et que nous devions nous cacher dans les buissons... Mais ensuite ils nous ont dit qu’il y avait des mines dans les buissons, et nous nous sommes retrouvés au piège.»
Une autre femme se souvient que, même avant l’explosion, quatre ambulances turques jaunes étaient sur les lieux, sans raison apparente. Après l’explosion, les ambulances ont commencé à ramasser les morts et les blessés, pour les emmener vers une destination inconnue.
«Nous ne savons pas où ils [les enfants] se trouvent. Ils ont disparu. Il n’y a pas de cadavres. Nous les avons cherchés partout, sans succès», soupire l’un des témoins.
Beaucoup de proches de ces disparus ne savent toujours pas où ils se trouvent. Certaines personnes ont remarqué que les Casques blancs, un groupe humanitaire controversé, ont également été aperçus sur le site de l’explosion, en train de récupérer les corps des combattants d’Al-Nosra et d’Ahrar al-Cham, en délaissant apparemment les civils blessés.
Vanessa Beeley, qui a couvert en profondeur le conflit syrien, a également enregistré les récits de l''évacuation des civils des zones contrôlées par les rebelles. Les gens sont montés dans les bus à Rachidine, près d’Alep, sans qu'on leur permette de quitter les véhicules pendant près de trois jours.
Et pourtant, beaucoup d’entre eux étaient heureux de quitter cet endroit qui était devenu «un foyer de terroristes», selon l'un d'entre eux.
De nombreuses organisations internationales ont déjà condamné l’attentat contre le convoi humanitaire dans les termes les plus sévères.
«Cela doit non seulement provoquer notre colère, mais aussi renouveler notre détermination à fournir de l’aide et assurer des conditions décentes à tous les enfants innocents à travers la Syrie», a annoncé le directeur exécutif de l’Unicef, Anthony Lake. Et d'ajouter : «Et cela doit nous donner l’espoir que tous ceux qui ont un cœur et qui ont le pouvoir de mettre fin à cette guerre, vont le faire.»
Toutefois, Vanessa Belley estime que tous en Occident n'ont pas suivi l’exemple de l’ONU en dénonçant l’attaque.
«Nous venons d’assister à l’un des crimes les plus odieux de notre vie, et en plus c’était un crime collectif… il n’a pas été condamné par les gouvernements du monde, par les ONG, par les médias», affirme-t-elle.
Au contraire, les médias tentent de «blanchir cet incident tout à fait abominable», dans lequel, selon les informations de Vanessa Beeley, 116 enfants ont perdu la vie.