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Human Rights Watch salue l'engagement des médecins tunisiens contre les examens médicaux dégradants

Les médecins tunisiens ont dénoncé les tests anaux forcés que les autorités imposent aux personnes suspectées de «comportements homosexuels». Une décision accueillie avec satisfaction par les ONG, qui souhaitent désormais dépénaliser l'homosexualité.

Human Rights Watch (HRW) a salué le 12 avril une décision du Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie appelant les praticiens à mettre un terme aux examens forcés des parties anales et génitales. Selon l'ONG, le communiqué du 3 avril du Conseil «marque un jalon vers la fin de ces "tests" dégradants, discriminatoires et non scientifiques censés établir la preuve de comportements homosexuels».

L'organisation non gouvernementale a rappelé que de nombreuses associations réclamaient l'abrogation de l'article 230 du Code pénal tunisien – hérité du protectorat français – qui punit de trois ans de prison la sodomie, au titre duquel plusieurs jeunes Tunisiens ont été condamnés à de la prison l'an dernier après avoir subi des tests anaux. 

«Les médecins tunisiens ont pris une mesure courageuse pour s’opposer à l’utilisation de ces examens cruels», a insisté Neela Ghoshal, chercheuse auprès de la division LGBT de Human Rights Watch. «Pour en finir une fois pour toutes avec les examens anaux forcés en Tunisie, la police devrait cesser d’ordonner ces examens et les tribunaux devraient refuser d’admettre les résultats comme éléments de preuve», a-t-elle ajouté. 

L’association Shams, qui milite pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie, a pour sa part demandé au Conseil de l’Ordre des médecins d'«aller encore plus loin» en sanctionnant pour «torture et atteinte à la déontologie médicale» les médecins qui acceptent de pratiquer les examens anaux.

Dans sa déclaration, le Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie avait martelé que la pratique d’un examen génital ou anal pour vérifier ou confirmer la nature des pratiques sexuelles d’une personne sans son consentement «libre et éclairé» correspondait à une atteinte à la dignité humaine. Le Conseil affirmait que les médecins devaient désormais informer les patients de leur droit à refuser l’examen.

«Tout médecin requis pour examiner une personne dans le cadre d’une expertise, et notamment si elle est privée de liberté, doit respecter sa dignité, et ce conformément à l’article 23 de la Constitution et aux articles 7 et 74 du code de déontologie médicale», rappelait encore l'institution. 

Pour mémoire, le recours à des examens anaux en Tunisie avait été condamné en mai 2016 par le Comité des Nations unies contre la torture. En janvier, le Service européen pour l’action extérieure avait également demandé à Tunis de mettre un terme à ces pratiques.

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