Le président américain Donald Trump a décidé de réorganiser son Conseil national de sécurité (CNS) en démettant de sa fonction de stratège en chef Steve Bannon et en limitant le rôle de son conseiller en sécurité intérieure, Tom Bossert.
C'est par une note officielle publiée avant chaque réunion du CNS que le président nomme de facto les membres qui le composent. D'ordinaire, celui-ci ne varie jamais et Steve Bannon y figure toujours en tant que «stratège en chef» – un poste spécialement créé pour lui. C'est en découvrant la note la plus récente, datée du 4 avril, que plusieurs observateurs ont noté l'absence de celui que ses détracteurs considèrent parfois comme l'éminence grise de Donald Trump.
Dans un communiqué adressé à la presse, Steve Bannon explique que sa nomination étant destinée à rétablir un certain ordre au sein du CNS, elle n'était que provisoire. «J'avais été nommé pour garantir la désintrumentalisation du CNS», souligne-t-il, notant que son prédécesseur «Susan Rice [avait] instrumentalisé le CNS au cours de la législature précédente». Il estime que l'arrivée récente du général McMaster au sein du Conseil permettait désormais à celui-ci de «retrouver sa fonction initiale».
Un remaniement signe d'une quête de respectabilité pour Donald Trump ?
Ce n'est pas le premier remaniement remarqué du CNS depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump. La nomination de Herbert Raymond McMaster, à laquelle Steve Bannon fait référence dans son communiqué, avait déjà interpellé plusieurs commentateurs. Le général McMaster fait en effet figure de «modéré» et bénéficie d'une certaine estime y compris auprès du Parti démocrate. Il a remplacé, au sein du CNS, l’ancien général Michael Flynn, poussé à la démission le 14 février dernier, pour avoir dissimulé ses rencontres avec l’ambassadeur russe lors de la campagne présidentielle. Plusieurs observateurs avaient alors estimé qu'il s'agissait d'un geste d'apaisement de la part de Donald Trump.
Ces changements récents confirmeraient-ils une tentative de la part de Donald Trump d'améliorer la respectabilité de ses proches conseillers ? La nomination à la fin du mois de janvier de Steve Bannon, ancien patron du site d'informations d'«extrême droite» Breitbart, à la tête du CNS, sorte de petit «ministère des Affaires étrangères» au sein même de la Maison Blanche, avait entraîné une cascade de condamnations, en raison notamment de son manque total d'expérience en matière de diplomatie. Steve Bannon avait exercé la fonction de directeur de campagne de Donald Trump avant l'élection.
Au début du mois de février, 50 parlementaires démocrates avaient même adressé un courrier à Donald Trump afin de lui demander des «explications écrites au sujet de [sa] décision d'injecter de la politique» au sein du CNS, en élevant ainsi cet ex-banquier d'affaires de 63 ans au rang de membre permanent du Conseil.
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