«Je vais être le président de tous, oui de tous ! Mais surtout des pauvres de la patrie», a lancé Lenin Moreno depuis le balcon du palais présidentiel de Carondelet, sous les vivats d'environ 2 000 personnes massées sur la Plaza Grande dans le cœur historique de Quito, la capitale.
L'ancien vice-président, qui a remercié «de tout cœur» un Rafael Correa debout à ses côtés et visiblement ému, a obtenu 51,16% des voix contre 48,84% à son adversaire de droite sur 99,29% des suffrages, selon le Conseil national électoral (CNE).
Guillermo Lasso du mouvement CREO (Creando oportunidades, soit Créant des opportunités), ne cesse quant à lui de protester contre l'issue de ce second tour.
«Je ne peux accepter ces résultats parce qu'ils ne correspondent pas à la volonté populaire [...] dans le décompte des votes, il y a fraude», a-t-il réaffirmé le 3 avril lors d'une conférence de presse à Quito.
Lasso attaquera les résultats
Disant avoir gagné «avec une marge de 4 à 6%, l'ex-banquier a annoncé qu'il allait «attaquer les résultats dès qu'ils seraient officiellement proclamés» et «demander un nouveau décompte des votes».
Lenin Moreno, qui doit succéder le 24 mai au président sortant qui était au pouvoir depuis dix ans, avait auparavant remercié «tous ceux qui ont à nouveau exprimé leur confiance [...] dans ce processus de Révolution citoyenne».
Le candidat d'Alliance Pais (AP, Patria Altiva i Soberana: Patrie altière et souveraine - l'acronyme jouant sur le mot «pays» en espagnol), paraplégique depuis une agression à main armée en 1998, doit devenir le premier chef de l'Etat équatorien à se déplacer en fauteuil roulant.
Dans le nord de la capitale, les accès au bâtiment du CNE sont barrés par les forces de l'ordre. Le 2 avril, des centaines de partisans des deux bords s'étaient rassemblés près du bâtiment pour réclamer les résultats, dans une ambiance tendue, émaillée de brèves escarmouches. Ils se sont finalement dispersés en fin de soirée.
La victoire de Lenin Moreno soulage une gauche latino-américaine mise à mal par les virages à droite de l'Argentine, du Brésil et du Pérou. Le président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro l'a félicité pour «le triomphe de la Révolution citoyenne».
L'issue du scrutin donne un répit à Julian Assange, auquel Guillermo Lasso entendait, dans le mois suivant sa prise de fonction, retirer l'asile dont il bénéficie. Le fondateur de WikiLeaks est en effet réfugié à l'ambassade équatorienne de Londres depuis juin 2012.
«J'invite cordialement Guillermo Lasso à quitter l'Equateur dans les 30 prochains jours (avec ou sans ses millions offshore) #AssangeSILassoNO», a tweeté Julian Assange.