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Présidentielle en Equateur : Moreno revendique la victoire, son adversaire conteste le résultat

Au second tour de l'élection présidentielle équatorienne, les deux candidats sont au coude-à-coude. Lenin Moreno, le successeur de Rafael Correa, remporterait le suffrage mais son adversaire, invoquant des fraudes, refuse d'accepter le résultat.

Lenin Moreno, candidat du parti au pouvoir en Equateur, est légèrement en tête de l'élection présidentielle devant désigner le successeur de Rafael Correa et choisir entre socialisme et un virage à droite incarné par son adversaire Guillermo Lasso. Il s'agit là un scrutin crucial pour la gauche latino-américaine, affaiblie.

L'ancien vice-président Lenin Moreno est crédité de 51,07% des voix à l'issue de ce second tour, selon un résultat partiel diffusé par le Conseil national électoral (CNE) et portant sur 94,20% des bulletins dépouillés.

Mais les deux candidats ont chacun revendiqué la victoire à partir de sondages de sortie des urnes différents. L'ex-banquier Guillermo Lasso n'a d'ailleurs pas accepté les résultats diffusés par le CNE, qui le créditent de 48,93% des suffrages. Il a dénoncé une «fraude» et s'est dit prêt à contester le résultat.

«Nous allons défendre la volonté du peuple équatorien face à des présomptions d'une fraude qui a pour objectif d'installer un gouvernement qui serait, dès à présent, illégitime», a-t-il dit à Guayaquil, sa ville natale et capitale économique du pays.  

Des centaines de partisans des deux bords se sont rassemblés devant le CNE, dont les accès ont été barrés pour prévenir d'éventuels incidents, suite aux protestations de l'opposition après le premier tour, le 19 février.

«La révolution a de nouveau triomphé en Equateur»

Plus de 12,8 millions d'électeurs étaient appelés à voter. Au premier tour, Lenin Moreno avait obtenu 39,36% des voix et Guillermo Lasso 28,09%.

Le candidat socialiste, paraplégique depuis une agression à main armée en 1998, appelait à «voter pour poursuivre un processus qui marque le chemin vers l'avenir». Apôtre d'une politique sociale, mais moins polémique que son charismatique mentor Rafael Correa, Lenin Moreno, 64 ans, a promis «une chirurgie radicale [...] pour les corrompus de ce gouvernement», «pour les corrompus d'hier et d'aujourd'hui».

Son adversaire jugeait de son côté cette élection «cruciale» pour choisir entre la «voie du Venezuela et celle de la démocratie et de la liberté». Dénonçant la «dictature» du parti corréiste, Guillermo Lasso, 61 ans, a appelé au «changement», promettant de créer un million d'emplois et de supprimer des impôts.

«C'est un moment décisif car nous avons eu une réaction conservatrice ces dernières années» dans la région, a estimé l'ancien président Rafael Correa, en allusion aux virages à droite de l'Argentine, du Pérou et du Brésil. «La révolution a de nouveau triomphé en Equateur» s'est-il réjoui sur Twitter, ajoutant que la droite avait perdu, «malgré ses millions et ses médias».

Julian Assange félicite Moreno

Le sort de Julian Assange, réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres depuis juin 2012, est aussi en jeu. 

Si élu, Guillermo Lasso entendait «réviser l'asile» accordé au fondateur de WikiLeaks dans les 30 jours après sa prise de fonction et l'expulser. La Suède réclame qu'il soit extradé afin d'être jugé pour un viol qu'il nie avoir perpétré. En outre, Assange craint une extradition vers les Etats-Unis pour avoir publié des documents confidentiels, notamment sur les guerres d'Irak et d'Afghanistan.

L'ancien banquier et candidat avait été la cible de Wikileaks en 2012. L'organisation avait révélé qu'il avait fait appel à l'ambassade américaine à Quito pour que Washington l'aide à prendre le pouvoir au président en exercice, Rafael Correa. 

Le soir du 2 avril, Assange a félicité Lenin Moreno sur Twitter, en lançant en même temps une pique à son adversaire : «J'invite cordialement Monsieur Lasso à quitter l'Equateur dans les 30 prochains jours (avec ou sans ses millions offshore) #AssangeSILassoNO (#AssangeOUILassoNON).»