International

Cadillac, Chevrolet, Mercury : bienvenue à... Alep, chez un collectionneur de voitures mythiques

Un habitant d'Alep n'a pas abandonné pas son rêve d'ouvrir un jour un musée de voitures de collection dans sa ville. Malgré les ravages de la guerre, la vie semble peu à peu reprendre à Alep. RT est allé à sa rencontre.

Mohamed Mohiedine Anis est un habitant atypique d'Alep. Autrefois, ce syrien de 70 ans était l'heureux propriétaire d'une véritable armada de voitures de collection. Mais c'était avant la guerre. Sur les 30 véhicules qu'il possédait avant le début du conflit syrien en 2011, «seulement» une vingtaine d'automobiles a été épargnée par les destructions.

«Dans une convention au Japon, ils ont dit que les êtres humains produisent des choses non matérialistes comme des livres et parfois des choses matérialistes, que nous pouvons protéger et prendre en charge pour les générations suivantes. Par exemple, j'ai des voitures qui ont 60 et 70 ans», a-t-il indiqué le 12 mars dans un entretien accordé à Ruptly, l'agence vidéo de RT.  

Mohamed Mohiedine Anis a également confié à Ruptly avoir développé une passion pour les voitures de collection dès les années 1990, en particulier pour les véhicules «rétro» ayant appartenu à des célébrités syriennes ou à des personnalités publiques. Le Syrien a également reconnu avoir avec une préférence pour les voitures américaines des années 1950: Buick, Cadillac, Chevrolet, Hudson, Mercury.

Pour anecdotique que cela puisse paraître, Mohamed Mohiedine Anis possédait même une Cadillac dans laquelle le président égyptien Gamal Abdel Nasser et son homologue syrien Choukri al-Kouatli avaient paradé dans Damas après la proclamation en 1958 de la République arabe unie, qui mariait l'Egypte et la Syrie. 

Avant la guerre, plusieurs de ses automobiles ont même été utilisées dans des films syriens, justement pour cette une touche «rétro». 

«Mon objectif est d'avoir un musée à Alep pour les véhicules anciens. [...] Mon but était de collectionner 30 voitures et d'ouvrir un musée, mais pour le moment tout s'est arrêté et je ne serai pas en capacité d'ouvrir ce musée», a-t-il déploré avant d'indiquer qu'il ouvrirait «peut-être un musée personnel pour [lui] et [ses] enfants». «Je réparerai autant de voitures que possible», a-t-il encore ajouté. 

Craignant pour sa vie et sa précieuse collection étant immobilisée par les combats durant la bataille d'Alep, Mohamed Mohiedine Anis avait fini par quitter sa maison deux mois avant la libération de la ville par le gouvernement syrien. Son voisin a affirmé avoir réussi à empêcher l'installation par des combattants djihadistes d'une mitrailleuse lourde anti-aérienne sur l'une des trois mythiques Chevrolet que possède le Syrien de 70 ans. 

Plusieurs acheteurs étrangers lui ont proposé de racheter ses voitures, même en mauvais état. Mais, Mohamed Mohiedine Anis a refusé de les vendre. «Je veux dire aux nouvelles générations que les vieilles voitures, qui ont plus de 100 ans, peuvent leur être très utiles, [par exemple], pour les gens qui étudient les designs des voitures, ou l'histoire [de l'automobile]», a-t-il ajouté.

Lire aussi : «Assad doit partir !» : quand les détracteurs du président syrien quittent la politique un à un