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Macron veut une femme à Matignon et vante la discrimination positive

Le candidat multiplie les contradictions. Assurant qu'il ne nommera une femme Premier ministre que si elle est la plus qualifiée pour le poste, il n'hésite pas à promouvoir son contraire, la discrimination positive, lorsqu'il s'adresse aux banlieues.

Mercredi 8 mars, Emmanuel Macron a profité de la Journée internationale des droits des femmes pour annoncer qu'il avait le «souhait» de nommer une femme Premier ministre. La première et dernière femme à avoir occupé ce poste était Edith Cresson, en 1991.

Opération de communication ou véritable annonce politique ? Interrogé sur ses intentions en cas de victoire à la présidentielle lors d'un rassemblement au théâtre Antoine à Paris, le candidat d'En Marche ! a affirmé en avoir «parlé avec d'autres, à commencer par des hommes». «Je suis profondément féministe», a-t-il expliqué, tout en précisant qu'il aimait «ce qu'il y a d'irréductible dans l'autre qu'est la femme».

S'il n'a pas voulu avancer de noms, les pensées se tournent naturellement vers Ségolène Royal, qui ne cache pas ses sympathies pour l'ancien ministre de l'Economie. Plusieurs rumeurs affirmaient même qu'elle pourrait lui apporter son soutien. Pourtant, l'ancienne candidate du Parti socialiste aurait récemment affirmé, selon l'édition du Parisien de ce jeudi 9 mars, qu'Emmanuel Macron serait «trop à droite» pour elle...

Entre le mérite et la discrimination positive, Emmanuel Macron peine à choisir

Il est trop tôt pour émettre des hypothèses. Emmanuel Macron a d'ailleurs tenu à pondérer son propos en ajoutant qu'il était «trop facile de dire» qu'il nommerait une femme à Matignon : pas de promesse, donc. On suppose en effet que les différents ralliements à sa candidature lors de ces derniers jours, à commencer par celui de François Bayrou, doivent nourrir plus d'une ambition et que le candidat souhaite ménager les aspirations de ses soutiens.

Nommer une femme Premier ministre ne serait finalement pas un objectif en soi pour Emmanuel Macron. En effet, celui-ci s'est empressé d'ajouter : «Je ne vais pas choisir un Premier ministre parce que c'est une femme : je choisirai le Premier ministre le plus compétent, le plus capable possible.» A priori, c'est donc le mérite qui guiderait ses choix.

Pourtant, en visite aux Mureaux le 7 mars, Emmanuel Macron avait tenu un discours sensiblement différent. Dans cette banlieue des Yvelines jugée sensible et où le chômage culmine à 20%, il avait dit «assumer totalement l'idée d'une discrimination positive». Ainsi son programme propose-t-il notamment le versement d'une prime aux entreprises recrutant des habitants de banlieue, un mécanisme supposé «dynamiser» certains quartiers. Il s'agirait là d'une rupture avec la longue tradition française qui tient pour incompatibles les principes de la méritocratie républicaine et ceux de la discrimination positive à l'américaine.

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