Le renseignement estonien tire le signal d'alarme. A l'en croire, les Russes semblent capables de tout pour discréditer l'OTAN. «Il va y avoir 800 jeunes soldats britanniques. Ces jeunes gens se rendront de leurs bases vers les villes. Et il est probable qu'ils écumeront les pubs. On ne peut pas exclure des bagarres», note le directeur du renseignement estonien, Mikk Marran. ET déclenchées par «"l'équipe adverse", comme on dit en Estonie», souligne-il. Une allusion sans équivoque à la Russie.
Et pour ce faire, selon le contre-espionnage estonien, la Russie ne reculerait devant aucun moyen, y compris des honeytraps, c'est-à-dire des femmes à la solde de la Russie, capables de charmer de jeunes soldats, afin de leur soutirer des informations ou encore de provoquer des bagarres entre les populations locales et des soldats. Il ne resterait plus ensuite qu'à filmer le tout et à faire parvenir ces images à des médias pro-russes, afin d'accréditer la thèse d'une occupation des Pays Baltes contre l'accord de la population, s'alarme encore Mikk Marran.
A ses yeux, le déploiement par l'OTAN de quelque 4 000 soldats étrangers – dont 50 unités militaires américaines – en Estonie constituerait une «occasion en or» pour la Russie de discréditer l'Alliance atlantique. Moscou pourrait ainsi en profiter pour créer une «fausse impression d'agression» de la part de l'OTAN, notamment en diffusant des «fake news», ces désormais célèbres «fausses informations», à l'aide de médias «pro-russes».
«On l'observe déjà en partie», déplore Mikk Marran, cité par le quotidien britannique The Times. Le responsable du renseignement aurait d'ores et déjà constaté un «bruit de fond» colportant l'information selon laquelle «ces troupes ne sont pas les bienvenues auprès de la population locale».
La mission britannique en Estonie, qui a pour but de parer à une invation russe, doit commencer à la fin du mois de mars 2017. Elle aura lieu en collaboration avec 300 soldats français mis à disposition de l'OTAN.
Le sommet de l'OTAN de Varsovie en juillet 2016 a marqué le coup d'envoi d'un renforcement de la présence de l'Alliance en Europe de l'Est, et plus particulièrement en Pologne et dans les Pays Baltes. Depuis la rébellion née dans l'Est de l'Ukraine, le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie, l'OTAN, comme l'Union européenne, s'efforcent d'accréditer l'idée une menace russe. C'est elle qui justifierait une militarisation – préventive – des pays voisins de la Russie.
Constatant la multiplication des exercices militaires à quelques kilomètres de ses frontières, Moscou a fait savoir que cette accumulation de troupes était dangereuse pour la sécurité du continent européen.