Les exercices militaires iraniens se sont déroulés dans la région de Semnan (nord-est), le 4 février, au lendemain de l'introduction par les Etats-Unis de nouvelles sanctions contre l'Iran. Washington entendait ainsi répondre à un tir d'essai d'un missile balistique opéré par Téhéran le 29 janvier.
Selon les Gardiens de la révolution, les troupes d'élite de l'armée iranienne, l'objectif de ces manœuvres est de montrer «la totale préparation à confronter les menaces» et «les sanctions humiliantes» contre l'Iran. Différents types de systèmes de radars et de missiles de fabrication locale, ainsi que de centres de commandement y sont testés, selon Sepahnews, le site des Gardiens de la révolution.
Le site qui a également diffusé la liste des missiles utilisés lors de cet exercice montre qu'il s'agit d'engins de très courte portée (75 kilomètres). L'Iran affirme disposer de différents types de missiles, dont certains à longue portée (2 000 km).
Les exercices se déroulent le jour où le secrétaire d'Etat américain à la Défense, James Mattis, a affirmé que l'Iran était «le plus grand Etat soutenant le terrorisme au monde».
«Jouer avec le feu»
Depuis l'investiture de Donald Trump le 20 janvier, le ton n'a cessé de monter entre Washington et Téhéran. Depuis 1980, soit quelques mois après la Révolution islamique de 1979 et l'invasion de l'ambassade américaine par des étudiants, les Etats-Unis et l'Iran n'entretiennent plus de relations diplomatiques.
Le 3 février, l'annonce de nouvelles sanctions américaines a entraîné une riposte immédiate de la part du gouvernement iranien qui a annoncé qu'il prendrait des mesures réciproques contre «des individus et des entreprises américaines» qui soutiennent des groupes «terroristes».
Une réciprocité que Téhéran a déjà mise en œuvre à l'encontre des citoyens américains en leur interdisant de pénéter dans le pays après la décision de l'administration Trump d'interdire aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane, dont l'Iran, d'entrer sur leur territoire. Une mesure «insultante» et «honteuse», selon Téhéran, même si elle a été temporairement bloquée par un juge fédéral américain.
Grand adepte de Twitter, Donald Trump a multiplié les petites phrases incendiaires contre l'Iran sur son compte, la dernière accusant ce pays de «jouer avec le feu».
En dépit de cette tension croissante, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a assuré que son pays n'était «pas impressionné par les menaces» et qu'il ne «déclencherait jamais une guerre».
«Missiles défensifs»
En revanche, l'Iran exclut de renoncer à ce qu'il estime être son droit souverain, à savoir tester des missiles portant des armes «conventionnelles» et non-nucléaires, uniquement destinées à la défense de son territoire face à ses «ennemis».
Le 2 février, le général Hossein Salami, numéro deux des Gardiens de la Révolution avait affirmé que non seulement l'Iran poursuivrait sa politique, mais allait même l'accentuer. «Le nombre de missiles de l'Iran, de vaisseaux de guerre, de lanceurs de missiles de défense, augmente chaque jour», a précisé le général.
Lire aussi : Washington élargit ses sanctions contre l'Iran après les essais de missile de Téhéran
Téhéran rappelle régulièrement la guerre Iran-Irak (1980-1988) au cours de laquelle Bagdad avait utilisé des armes chimiques en territoire iranien, pour justifier l'utilisation de «missiles défensifs».
Si Donald Trump a mis à exécution ses menaces de durcir la position américaine envers Téhéran, il n'a pour l'instant pas fait dérailler l'accord international sur le nucléaire iranien scellé en 2015 par son prédécesseur Barack Obama et qu'il avait vertement dénoncé.
Cet accord a permis à l'avionneur américain Boeing de signer avec l'Iran un gros contrat pour l'achat de 80 appareils. Le marché iranien intéresse également d'autres entreprises américaines, dont celles du secteur pétrogazier.