Interrogé par le Middle East Eye, Mesut Torun, le petit-fils de l'ancien président irakien Saddam Hussein, a livré sa vision de la situation en Irak. Le jeune homme de 33 ans continue à arborer les couleurs du parti Baas, pourtant aujourd'hui interdit, et mène de front ce qu'il appelle un «combat pour la libération de l'Irak des mains de l'Iran et des Etats-Unis».
Réfugié en Turquie depuis la «débaasification de l'Irak», il affirme que le gouvernement désormais chiite de Bagdad rencontrait une forte résistance sur le terrain de la part des Irakiens sunnites et baasistes. Selon lui, ces derniers combattraient tout autant l'Etat islamique que les troupes iraniennes et américaines et refuseraient toute ingérence.
«C'est une guerre de libération, une bataille pour l'indépendance : nous nous battons contre l'Iran, contre les Etats-Unis et contre plus de 60 pays», a déclaré Mesut Torun. Il a précisé qu'à ses yeux, les sunnites irakiens seraient victimes d'un «génocide» de la part des forces chiites en présence. La présence militaire iranienne et le regain de légitimité de l'Iran sur la scène internationale lui semblent poser un obstacle fondamental à toute pacification du pays. «Si les milices iraniennes se retiraient d'Irak, nous regagnerions Bagdad en 48 heures», affirme-t-il.
Nous nous battons contre l'Iran, contre les Etats-Unis et contre plus de 60 pays
A ses yeux, seule la Turquie serait habilitée et capable de protéger le territoire irakien, et notamment la ville de Mossoul. La sympathie du parti Baas, écarté du pouvoir après la chute de Saddam Hussein, envers le gouvernement turc de Recep Tayyip Erdogan n'est pas nouvelle. Selon Mesut Torun, le leader du parti, Izzet Ibrahim al-Duri, aurait lui-même envoyé certains de ses proches dans les rues d'Ankara le 15 juillet 2016, lors de la tentative de coup d'Etat contre le président turc.
Depuis plusieurs années, de lourds soupçons pèsent sur le parti Baas : nombre de ses cadres, ayant perdu leurs responsabilités militaires et politiques en 2003, se seraient reconvertis au sein de l'Etat islamique. Mesut Torun a formellement rejeté ces accusations, allant jusqu'à les retourner contre l'Iran et les Etats-Unis. «La puissance de l'Etat islamique a été grandement surestimée par les forces internationales : Daesh est sous contrôle iranien et américain», a-t-il affirmé.
Mesut Torun a conclu en formulant plusieurs demandes claires quant à l'issue de la situation de crise en Irak. «Je demande la fin de l'occupation iranienne de notre pays, une nouvelle transition gouvernementale, le début de travaux constitutionnels et surtout la fin de l'exclusion des sunnites».
Depuis l'intervention américaine en Irak en 2003, le pays n'est jamais parvenu à se doter d'un gouvernement stable. A majorité chiite dans un pays longtemps dirigé par le parti Baas sunnite, le gouvernement actuel doit affronter une recrudescence des attentats terroristes et la menace toujours présente de l'Etat islamique.