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«Ils ont essayé de me séquestrer» : une athlète russe accuse l'AMA d'interrogatoire violent

Quelques jours avant que la chaîne allemande ARD diffuse un documentaire sur le scandale de dopage impliquant la Russie qui a défrayé la chronique durant l'été, une athlète russe sort du silence et décrits les interrogatoires musclés de l'AMA.

A quelques jours de la diffusion, le 22 janvier, par la chaîne télévisée allemande ARD d'un documentaire sur le scandale de dopage impliquant la Russie, Anastasia Bazdyreva, 24 ans, a décidé de confier à RT l'épisode désagréable qu'elle a subi lorsqu’elle a été interrogée par des agents de l'Agence mondiale antidopage (AMA). 

L'athlète russe a indiqué qu'elle avait été contactée par un journaliste allemand qui affirmait travailler sur une «enquête journalistique». Elle affirme que ce dernier lui posait beaucoup de questions en lien avec le dopage auxquelles elle a refusé de répondre.

Fatiguée par toutes ces «pseudo-enquêtes» mais craignant que son silence ne soit interprété comme un aveu de culpabilité, Anastasia Bazdyreva s'est ravisée et a finalement répondu aux questions qui lui étaient posées. Mais de peur de voir son récit déformé et ses propos placés hors contexte, elle a contacté RT pour lui faire part de son expérience et donner sa version des faits.

«Personne n'essaie de voir l'autre côté de cette affaire», a-t-elle expliqué à RT, ajoutant être «toujours inquiète de la version finale du film».

«Vous savez, en 2015, pendant le championnat d'Europe [d'athlétisme] à Prague, on m'a m'enfermée dans une chambre avec trois agents de l'AMA. Je ne sais même pas s'ils étaient encore en fonction. Je leur ai demandé leur identité à plusieurs reprises, mais ils ont refusé de me la donner. Après quoi, ils m'ont fait passer un interrogatoire violent. J'étais loin de m'imaginer qu'ils pouvaient utiliser de telles méthodes», a-t-elle confié à RT.

L'athlète, qui a été par la suite disqualifiée pour dopage, a également déclaré qu'après l'incident de Prague, elle avait été «caractérisée comme étant agressive et ne voulant pas coopérer», selon un rapport de l'AMA.

«Il y avait trois armoires à glace qui me forçaient à faire des choses sans m'expliquer quoi que ce soit, alors que nous nous trouvions dans une capitale européenne, et c'est moi qui suis agressive ? A ce moment là, j'étais juste terrifiée», a-t-elle témoigné.

«La simple pensée que j'ai accepté de répondre à une personne qui, pour une poignée d'euros a fomenté une histoire de toutes pièces me rend malade», a déclaré Anastasia Bazdyreva.

Au cours des deux dernières années, la Russie a toujours fermement nié avoir organisé un système de dopage systématique et contrôlé par l'Etat pour ses athlètes. Des allégations ont d'abord fait surface, en 2014, à la suite de la diffusion d'un documentaire, sur la chaîne ARD déjà. Les accusations qu'il formulait ont conduit l'AMA à suspendre l'Agence russe antidopage (RUSADA) en novembre 2015 et à commander un rapport spécifique à l'avocat canadien Richard McLaren. L'année suivante, l'AMA a publié ce rapport qui a mis en évidence l'existence d'un système de dopage institutionnalisé pour les athlètes russes dans le pays. Il contenait également de graves accusations sur les pratiques mises en oeuvre pour permettre aux athlètes russes d'échapper aux contrôles anti-dopage lors des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en 2014, entraînant toute une série de sanctions contre les sportifs professionnels russes.

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