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La politique migratoire d'Angela Merkel désavouée par la chargée des droits de l'homme de son parti

Alors que la chancelière brigue un quatrième mandat dans des conditions difficiles, la CDU peine à contenir la grogne. Erika Steinbach, après 43 ans de fidélité, a claqué la porte du parti, fustigeant l'accueil massif de migrants et ses conséquences.

C'est un nouveau coup dur pour Angela Merkel, qui n'avait pas été investie en décembre 2016 par son parti avec la même unanimité que par le passé. Erika Steinbach, députée de la CDU (Union démocrate chrétienne) a claqué la porte du parti et désavoué la politique migratoire de la chancelière : «Merkel, ça lui est égal ce que veut son parti», a-t-elle lâché dans une interview au quotidien allemand Die Welt. Un désaveu qui n'est pas anodin : la femme politique était jusque-là porte-parole chargée des droits de l'homme du parti conservateur allemand.

«Voterais-je aujourd'hui pour la CDU ? Rejoindrais-je la CDU ? Non. Je ne peux qu'en tirer la conclusion honnête selon laquelle je me dois de quitter» le parti, a-t-elle fait savoir.

L'unité de la CDU derrière Angela Merkel menacée ?

En cause, la politique d'immigration de masse et d'accueil illimité de réfugiés de la chancelière en 2015, qui a provoqué un appel d'air d'envergure à travers le continent européen et en Europe centrale en particulier, le long de la «route des Balkans», avec des conséquences en matière de sécurité qu'Erika Steinbach déplore : «Au Bureau fédéral de l'immigration, des milliers et des milliers de passeports ont été identifiés comme étant falsifiés», dénonce-t-elle dans Die Welt, «sans que les migrants concernés n'en supportent les conséquences», précise-t-elle, accusant même le gouvernement d'Angela Merkel d'avoir volontairement encouragé l'immigration : «Il y a une volonté politique derrière tout ça.»

La campagne s'annonce difficile pour Angela Merkel, les attentats de l'été 2016 et l'attaque du marché de Noël de la place Breitscheid à Berlin ont profondément choqué l'opinion, confrontée au réel, et changé la donne. Angela Merkel a même dû effectuer un revirement à 180 degrés, admettant des erreurs mais fustigeant touefois les positions anti-immigration de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne).

Après cette sortie fracassante, le parti souverainiste s'est dit prêt à accueillir Erika Steinbach dans ses rangs. «Vous serez toujours la bienvenue dans l'AfD», a tweeté la porte-parole du parti au Bundestag Beatrix von Storch. Tandis que le vice-président Alexander Gauland précisait qu'il s'entretiendrait «sûrement» avec Erika Steinbach au téléphone prochaînement.

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