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La Lituanie veut ériger un mur à la frontière russe, Moscou propose de fournir les briques

Alors que le gouvernement letton a annoncé la construction d'un mur de 135 kilomètres de long, financé par l'UE, sur sa frontière avec la région russe de Kaliningrad, la Russie a de son côté ironiquement proposé d'aider en fournissant les briques.

Le ministre lituanien de l'Intérieur, Eimutis Misiunas, a déclaré le 16 janvier qu'un mur allait être érigé sur la frontière que la Lituanie partage avec l'enclave russe de Kaliningrad. Cette frontière terrestre fait 255 kilomètres de long et la future clôture doit couvrir une distance de 135 kilomètres depuis le croisement des frontières polonaises, lituaniennes et russes jusqu'au fleuve Niémen. 

Selon le ministre, la construction de cette clôture haute de deux mètres débutera au printemps et devrait être achevée avant la fin de l'année. Le coût de sa construction sera assumée en grande partie par l'Union européenne, qui devrait débourser 25 millions d'euros, la contribution lituanienne étant estimée à seulement 3,6 millions d'euros.

«Les raisons en sont à la fois économiques – empêcher la contrebande – et géopolitiques – renforcer la frontière extérieure de l'Union européenne», a indiqué le ministre à l'agence de presse AFP. Selon Eimutis Misiunas, cité cette fois par le journal lituanien Lietuvos zinios, cette clôture est «un signe que [la Lituanie] considère le pays voisin comme un agresseur potentiel».

Arvydas Anusauskas, membre du Comité de la sécurité nationale et de la défense (NSGK) a pour sa part déclaré : «La Lituanie doit renforcer la sécurité de ses frontières, puisqu'elle est un Etat [membre] de l'UE. La sécurité des frontières de l'Etat lituanien est importante non seulement pour notre pays, mais pour l'ensemble de l'UE.»

Rasa Juknevičienė, une autre membre du NGSK, a de son côté affirmé que la clôture était conçue pour contrer une prétendue «menace» russe.

«Cette clôture n'arrêtera pas les chars ou d'autres équipements militaires, mais elle montrera que nous espérons avoir de meilleures relations avec la Russie [...]. Nous faisons de notre mieux pour réduire une menace potentielle posée par la Russie», a encore ajouté Rasa Juknevičienė.

Quand les autorités russes tournent en dérision le projet lituanien

Les responsables russes ont pour leur part adopté une attitude tout à fait ironique envers ce projet de construction. Le gouverneur intérimaire de la région de Kaliningrad, Anton Alikhanov, a notamment déclaré à la chaîne de télévision Rossiya 24 : «Si nos collègues lituaniens veulent ériger une clôture pour arrêter les contrebandiers, alors nous sommes prêts à leur fournir du matériel de construction.»

Anton Alikhanov a par ailleurs rappelé avec humour que la Russie disposait d'une «formidable usine» de production de briques située à la frontière avec la Lituanie.

L'annonce de la construction de la clôture survient alors que des centaines de chars et des milliers de soldats de l'OTAN convergent en Europe de l'Est où ils doivent être déployés afin de renforcer le flanc oriental de l'Alliance nord-atlantique, dans la cadre de l’opération «Atlantic Resolve». 

Moscou a de son côté déclaré à de multiples reprises que cette accumulation importante d'unités militaires près de ses frontières correspondait à des actions agressives et dangereuses pour la sécurité du continent européen. En réponse, la Russie a mené des exercices militaires de grande envergure sur son sol et a disposé des équipements militaires modernes sur ses frontières occidentales, y compris dans la région russe de Kaliningrad, enclavée entre la Pologne et la Lituanie.

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