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Deux millénaires après Jules César, les hommes politiques continuent à invoquer le «Rubicon»

Un 10 janvier, Jules César engageait sa destinée en franchissant le fameux Rubicon... Quelque deux mille ans plus tard, force est de constater que la référence n'est pas tombée en désuétude, invoquée tant par Mélenchon... que par Duterte !

Il y a très exactement 2066 ans, le 10 janvier de l'an -49 avant J.C., Jules César franchissait avec ses armées le Rubicon, petit fleuve qui séparait la Gaule cisalpine de l'Italie, violant ainsi un interdit établi par le Sénat : dès lors, le Consul était considéré comme une menace militaire pour Rome...

De cette séquence, le français – et de nombreuses autres langues européennes – ont tiré la fameuse expression «franchir le Rubicon», soit prendre une résolution décisive et risquée. Une expression dont usent (et abusent) les journalistes... mais aussi les responsables politiques. En voici quelques exemples :

Jean-Luc Mélenchon : le Rubicon séparant Valls des frondeurs

«Voter contre un budget, c’est franchir le Rubicon», notait sur son blog l'ex-leader du Front de Gauche, au sujet des élus socialistes et écologistes qui contestaient la ligne du gouvernement Valls en 2014, mais hésitaient à défier l'exécutif en votant contre le budget annuel. Et Jean-Luc Mélenchon de filer la métaphore aqueuse : «Et ceux que je vois installés au bord du Rubicon ne semblent y venir que pour laver leur linge sale.»

Noël Mamère : le Rubicon entre la droite «respectable»... et le FN

Autre exemple hexagonal : l'écologiste Noël Mamère, qui estimait en octobre dernier que Nicolas Sarkozy avait «franchi le Rubicon pour des raisons électoralistes» en tenant des propos qui le rapprocheraient du Front national, durant la campagne pour la primaire de la droite et du centre. Un Rubicon qui prend généralement le nom, dans la bouche des hommes politiques français, de «cordon sanitaire»...

Rodrigo Duterte : le Rubicon américano-philippin

Hors de l'Europe aussi, l'expression a ses partisans : «Je suis sur le point de franchir le Rubicon entre moi et les Etats-Unis», avait menacé avec emphase le président philippin Rodrigo Duterte, en septembre dernier, alors que les tensions entre Manille et Washington s'accroissaient, du fait notamment de la présence militaire américaine aux Philippines.

La signification concrète de cette traversée du Rubicon, néanmoins, est restée jusqu'à présent inconnue...

Richard Bertrand Spencer (idéologue de «l'Alt Right») : le Rubicon de la «reconnaissance»

Aux Etats-Unis, c'est à Richard Bertrand Spencer, inventeur de l'expression «Alt Right» (droite alternative) et généralement considéré comme suprémaciste blanc, que l'on doit une récente évocation du fleuve antique : «Nous avons franchi le Rubicon en matière de reconnaissance», s'était-il félicité à la suite de l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche.

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