Dans une volonté de rapprochement et d'apaisement des relations américano-japonaises, Washington a décidé de tendre courtoisement la main à Tokyo en rendant au Japon une partie des terres de l'île d'Okinawa.
Le 21 décembre à Tokyo, l'ambassadeur des Etats-Unis au Japon, Caroline Kennedy, s'est jointe au Premier ministre japonais Shinzo Abe lors d'une cérémonie marquant un transfert de plus de 4 000 hectares de terres occupées par les Etats-Unis sur le sol japonais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Situé dans la mer de Chine orientale, Okinawa accueille la majeure partie des quelque 50 000 militaires américains stationnés au Japon et est la clé des plans de Washington pour freiner l'influence croissante de la Chine dans la région.
Les territoires occupés par les Etats-Unis faisaient partie d'une zone communément connue sous le nom d'«aire d'entraînement du Nord», située à l'intérieur d'un vaste complexe militaire américain sur l'île située au sud de l'archipel nippon.
En 1972, Washington avait déjà restitué une grande partie de l'île d'Okinawa au Japon. Malgré cela, 17% de l'île restent encore aujourd'hui sous occupation américaine, n'en déplaise à la population locale qui exige le départ définitif des troupes américaines.
Une sordide affaire avait notamment défrayé la chronique il y a 20 ans, en 1996. Une écolière japonaise avait alors été violée par trois soldats américains. Après cet incident, Washington et Tokyo avaient convenu de délocaliser une partie du contingent américain vers des zones moins peuplées de l'île.
Mais ce plan s'est heurté à des retards en raison des protestations des résidents contre la construction de nouvelles installations militaires américaines sur l'île, où qu'elles soient. Les manifestants exigent en effet que la base et les militaires américains quittent leurs terres.
Sous la direction du gouverneur d'Okinawa Takeshi Onaga, les habitants de l'île sont également préoccupés par le taux élevé de crimes et d'incidents impliquant le personnel militaire américain.
Cette volonté de rapprochement de Tokyo de la part de Washington fait suite à la décision annoncée de Shinzo Abe de se rendre à Pearl Harbor à l'occasion d'un voyage diplomatique dans l'Etat américain d'Hawaï fin décembre afin de «rendre hommage aux victimes» et de rappeler les «horreurs de la guerre».