La Russie n'a pas l'intention de laisser libre cours au récit de l'Union européenne sur l'aide humanitaire en Syrie. Le 7 décembre, Federica Mogherini faisait une déclaration sans ambages sur le sujet : «Nous [l'UE] sommes ceux – ceux, pas parmi ceux – qui fournissent de l'aide humanitaire en Syrie et aux alentours. Je n'en vois pas beaucoup d'autres en faire autant que nous», assénait-elle, sûre de son fait.
Sergueï Riabkov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, n'a pas tardé à réagir : «C'est une déformation scandaleuse des faits qui ignore totalement les actions menées par la Russie depuis longtemps.»
Le ministère des Affaires étrangères russe a également répondu officiellement à la déclaration de Mogherini, se montrant «surpris» et ajoutant que la Russie, «à la différence d'autres acteurs internationaux», fournissait des milliers de tonnes d'aide humanitaire dans différentes régions de Syrie, notamment dans les zones libérés d'Alep-Est, «au péril de la vie des militaires russes».
La déclaration du ministère se termine de façon offensive : «Si la haute représentante de l'Union [Federica Mogherini] veut dire fournir de l'aide aux terroristes et aux extrémistes, alors effectivement nous ne participons pas à cela.»
La rhétorique de l'Europe sur le sujet prend de l'ampleur à mesure des avancées militaires du gouvernement syrien à Alep. Plus tôt cette semaine, avant de renouveler un appel à un cessez-le-feu, le cabinet du Premier ministre britannique affirmait que le régime syrien et ceux qui l'influencent [que ce soit la Russie ou d'autres] empêchaient l'aide d'atteindre Alep.
Le porte-parole du ministère de la Défense russe Igor Konachenkov avait déjà répondu, estimant que le gouvernement britannique n'avait plus «de vision objective de ce qui se passe en Syrie, y compris à Alep, en raison de sa "russophobie"». Il avait conclu en expliquant que le Royaume-Uni n'avait pas envoyé un gramme de farine, un seul médicament ou une couverture pour aider les civils à Alep depuis le début du conflit.
Fin novembre, Igor Konachenkov avait par ailleurs souligné que c'était seulement grâce au Centre russe pour la réconciliation en Syrie que des milliers de tonnes d'aide humanitaire avaient pu être délivrées à Alep, Homs, Damas, Palmyre et bien d'autres villes.
Le ministère de la Défense russe a précisé que les Nations unies avaient stoppé leur aide à Alep après que les forces gouvernementales eurent reconquis une grande partie de la ville.
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